Dès son retour de Moscou (le 07/02/21) où il a rencontré le Ministre russe des Affaires Etrangères, Josep Borrell - Haut Représentant de l’Union - a diffusé deux messages sur le site du Service Européen d’action extérieure (SEAE). Le premier message est un compte rendu classique et factuel de ses entretiens avec diverses personnalités officielles et des représentants d’ONG locales (1). Un message inhabituel ... Le second message est, lui, plus inhabituel dans la forme comme dans le fond et fera certainement date dans la brève histoire du SEAE et de la diplomatie européenne (2). Avec une force et une franchise inusitées dans de telles circonstances, M. Borrell critique vivement l’attitude des autorités russes vis à vis de l’opposant Navalny - mais constate surtout que la Russie se déconnecte progressivement de l’Europe tant par sa politique étrangère que par sa conception restrictive des valeurs démocratiques : “I returned to Brussels with deep concerns over the perspectives of development of Russian society and Russia strategic choices”. Selon ses propres termes, mis en exergue dans le communiqué : “My meeting with Minister Lavrov and the messages sent by Russian authorities during my visit confirmed that Europe and Russia are drifting apart”. Et, s’adressant aux responsables de l’UE, il ajoute : “We are at the crossroads. The strategic choices we make now will determine international power dynamics in the 21st century - and notably if we will advance towards more cooperative or more polarized models, based on closed or on freer societies”. Le communiqué se termine par un appel personnel (“as the first diplomat of the EU”) de M.Borrell à l’intention des Ministres des Affaires Etrangères des 27 : la sécurité de l’Union ne sera pas assurée si elle se limite à "s’abriter derrière ses murs" en demandant à d’autres puissances de la protéger. … à l’honneur de la diplomatie de l'UE Certains estimeront que M.Borrell, victime des provocations russes, s’est quelque peu emporté, au-delà même de ses prérogatives et sans tenir suffisamment compte des intérêts et affinités particuliers de certains Etats membres à l’égard de la puissance russe. Mais d’autres jugeront qu’il n’a fait qu’accomplir la mission que lui confie le Traité en matière de politique étrangère et de sécurité de l’Europe prise dans son ensemble - avec, au surplus, toute la clarté et la vigueur que nécessitent l’agressivité et la dangerosité de la politique extérieure de la Russie y compris dans le voisinage de l’Union. Il appartiendra au Conseil de Ministres des Affaires Etrangères (qu’il préside) de soutenir plus ou moins les positions prises par le Haut Représentant - et notamment de se déterminer (à l’unanimité …) sur la question concrète des sanctions. Il est probable que le Conseil aura quelque mal à se prononcer avec la même clarté et avec une vision aussi exigeante de l’intérêt commun de l’Union. Quoiqu’il en soit, M. Borrell - placé “entre l’Union et le monde” (3) - aura démontré à cette occasion sa volonté et son aptitude à jouer son rôle de "(plus) haut représentant de l’Union" (4). Jean-Guy Giraud 08 - 02 - 2021 __________________________ (1) voir : https://eeas.europa.eu/headquarters/headquarters-homepage/92704/russia-high-representativevice-president-josep-borrell-concludes-visit-russia_en (2) voir : https://eeas.europa.eu/headquarters/headquarters-homepage/92722/my-visit-moscow-and-future-eu-russia-relations_en (3) voir : https://www.lesamisdutraitedelisbonne.com/post/josep-borrell-entre-l-union-et-le-monde
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