Très intéressantes déclarations du nouveau “Ministre des Affaires Étrangères" de l’UE (en fait “Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité”) M.Joseph Borrel dans Le Monde du 08/11/19. (1)
Une détermination certaine et bienvenue ...
Avec adresse et prudence - réagissant notamment aux récentes déclarations ou positions de la France - il affiche une claire détermination à oeuvrer pour inciter l’UE à “apprendre à utiliser le langage de la puissance (car) si les européens veulent vraiment défendre leurs intérêts et leurs valeurs, il faut qu’ils agissent en tant que puissants ..".
Il rappelle également que, avant même le Traité de Lisbonne, "Javier Solana avait réussi à donner une image et un corps à la dimension européenne de la politique extérieure”.
Il déclare également que "ses trois priorités seront les Balkans, ventre mou de l’Europe, les frontières est - il faut aider l’Ukraine - et la menace terroriste islamiste”.
S’agissant du processus d’adhésion - que la France propose de “réformer” - il concède qu’il faille “l’approcher d’une autre manière”.
Sur le conflit catalan, il réitère - avec un certain courage - son opinion selon laquelle il s’agit moins d’un conflit entre la Catalogne et le reste de l’Espagne que d’ "un conflit entre catalans”.
… mais quelques regrets
Un regret cependant sur sa position relative à l’exigence d’unanimité au sein du Conseil en matière de politique étrangère: M.Borell se résigne à la permanence de cette règle qui oblige “à avancer à petits pas”, notamment en matière de défense.
Il aurait pu d’avantage insister - même brièvement - sur le facteur de blocage de toute politique étrangère et de sécurité de l’Union que constitue cette règle d’unanimité, par exemple :
en exprimant ouvertement le souhait que cette règle soit supprimée ou limitée lors d’une prochaine révision des Traités,
en affirmant sa détermination à inviter le Conseil à utiliser véritablement toutes les dispositions actuelles des traités qui permettraient d’ores et déjà à l’UE d'intrevenir plus efficacement dans ce domaine - notamment sur une impulsion plus déterminée du Haut Représentant.
L’importance du facteur humain
Tout de même, en citant l’action passée de Javier Solana, le nouveau Haut Représentant a peut-être voulu faire savoir indirectement sa volonté personnelle de faire preuve d’un certain activisme dans sa prochaine fonction - ce qui correspondrait assez bien à son caractère et à sa réputation.
L’expérience a bien montré l’importance du “facteur humain” dans ce poste : Mme Mogherini s’est montrée beaucoup plus active et déterminée que sa prédécesseuse. Elle a ainsi ouvert la voie à de nouvelles étapes vers le renforcement de cette fonction que M.Borrel voudra sans doute tenter de franchir.
Jean-Guy Giraud 10 - 11 - 2019
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