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LA « BALKANISATION » DE L'EUROPE - suite 1



Le Conseil européen du 23 Juin 2022 a officialisé les candidatures de l’Ukraine et de la Moldavie à l’adhésion à l’Union européenne - tandis que celle de la Géorgie a été reportée.


Ces candidatures s’ajoutent à celles de quatre pays des Balkans avec lesquels les négociations ont démarré : l’Albanie, la Macédoine du Nord, le Montenegro et la Serbie. Parmi ceux-ci, le Montenegro est le plus avancé (ouverture de tous les 33 « chapitres » de négociations) suivi de la Serbie (22 chapitres ouverts) puis de l’Albanie et de la Macédoine (aucun chapitre ouvert). Dans l’ensemble, selon les estimations de la Commission, l’avancement des négociations nécessitent des "efforts approfondis » ou « considérables ».


Par ailleurs, deux autres pays des Balkans sont des candidats potentiels mais non encore reconnus : la Bosnie- Herzégovine et le Kosovo.


Enfin, la candidature de la Turquie - officialisée en 1999 - est « gelée » depuis 2018.


Ce tableau d’ensemble fait apparaitre toute l’ampleur numérique, géographique et politique du défi que représente pour l’UE cette perspective d’élargissement - qui vient s’ajouter aux précédentes vagues de 2004/2006/2013 lors desquelles treize nouveaux pays ont adhéré à l’UE. Au total, vingt trois nouveaux pays ont été accueillis ou sont susceptibles de l’être à un stade ultérieur - venant s’ajouter aux quatorze pays que comprenait l’UE jusqu’au début des années 2000.


Ce tableau prévisionnel d’une UE 37 de nature continentale - étendue de Lisbonne à Kiev - remet inévitablement en question la nature même du projet européen initial d’intégration et « d’union toujours plus étroite » des peuples qui y participent.


La candidature subite d’un pays de la taille de l’Ukraine - provoquée par l’agression russe - semble avoir déclenché une prise de conscience de ce risque et une réflexion sur la nécessaire adaptation des structures de l’UE. Celle-ci impliquera notamment une nouvelle révision des traités allant bien au delà de la seule question du vote majoritaire au sein du Conseil (européen).


Il semble prévisible que les prochaines adhésions n’interviendront pas avant 2030 et s’échelonneront sur une quinzaine d’années au moins - période au cours de laquelle de nouveaux bouleversements géo-politiques ne sont pas à exclure. Ce temps devrait être mis à profit pour préparer l’UE à cette nouvelle dimension. Le danger le plus pressant est celui d’une forme de « balkanisation » (1) d’une Union dans laquelle le nombre et la diversité des Etats mettrait en péril leur unité et leur solidarité (2). Pour y parer, des réformes et adaptations du sytème actuel doivent être conçues sans trop tarder. Dans l’intervalle, des solutions transitoires telles que celle d’une « Communauté politique européenne » semblent s’imposer.



Jean-Guy Giraud. 29 - 06 - 2022

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(2) pour paraphraser la formule de Winston Churchill au sujet des Balkans « l’Europe a tendance à produire plus d’histoire qu'elle ne peut en consommer »



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