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RECONSTRUCTIONS À GAZA ET EN UKRAINE : QUEL RÔLE POUR L'UE ?

  • Photo du rédacteur: giraudjeanbaptiste0
    giraudjeanbaptiste0
  • il y a 9 minutes
  • 3 min de lecture
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Lors d’une conférence de presse organisée par la Commission le 13 octobre 2025, un incident s’est produit suite à une question posée par un journaliste italien qui a été aussitôt licencié par son employeur, l’agence Nova. 

La question était la suivante : 


“Vous avez répété à plusieurs reprises que la Russie devrait payer pour la reconstruction de l’Ukraine. Pensez-vous qu’Israël devrait aussi payer pour la reconstruction de Gaza, étant donné qu’il a détruit une grande partie de la bande et des infrastructures civiles ?” 


Cette interrogation semble pourtant justifiée : dans quelle mesure l’UE devrait-elle - à l’issue des deux conflits - participer financièrement aux considérables coûts de reconstruction des deux territoires dévastés d’une part par la Russie, d’autre part par Israel ? Dans les deux cas, la Commission et le Conseil semblent avoir déjà pris des engagements de principe favorables à cette double participation - ce qui amène à s’interroger sur le bien fondé de cette position:


  • sur les responsabilités pour les dommages causés : il est clairement établi que deux États (la Russie et Israel) sont les auteurs de ces destructions délibérées. Quels que soient les motifs allégués, ils en portent l’entière responsabilité au sens du droit international et ont en conséquence un devoir de réparation. L’UE pour sa part est étrangère aux conflits et - du moins à ce titre - n’est pas tenue de participer financièrement aux coûts de reconstruction. 

  • sur les engagements déjà pris par l’UE : dans les deux cas, l’Union se trouve toutefois engagée dans une aide (substantielle) aux deux populations victimes des conflits. Depuis de nombreuses années, elle fournit une assistance financière aux palestiniens et, depuis l’agression russe, elle apporte une importante aide économique et militaire à l’Ukraine.  

  • sur l’ampleur des destructions : elles sont considérables dans les deux cas mais certainement beaucoup plus étendues sur le territoire ukrainien. Elles se chiffrent en dizaines voire en centaines de milliards d’euros et les réparations s’étaleront sur de nombreuses années. Les coûts globaux de reconstruction sont - en toute hypothèse - très supérieurs aux capacités actuelles et futures de l’aide européenne. 

  • sur la disponibilité d’aides non-européennes : le problème ne se pose guère pour Gaza dans la mesure où l’État d’Israel et, surtout, son allié américain disposent de capacités financières (publiques et privées) largement à la hauteur des besoins de reconstruction - et même de développement ultérieur - du territoire. Pour l’Ukraine, par contre, - et même si une assistance internationale parait d’ores et déjà garantie (ONU, Banque mondiale, BERD, …) - il  semble que la charge reposera en premier lieu sur l’UE.  

  • sur l’aspect stratégique et géo-politique de la reconstruction : l’Europe a un intérêt immédiat évident dans le redressement matériel de l’Ukraine en tant que futur État membre de l’UE et placé sur la ligne de front vis à vis de la Russie. Cet intérêt est beaucoup plus faible vis à vis de Gaza et d’Israel même si le soutien à un État palestinien peut être considéré comme un engagement moral et si le maintien de bonnes relations avec l’État hébreu - associé à l’UE - est d’un intérêt réciproque.  


En résumé, la réponse à la légitime question du malheureux journaliste italien aurait pu être ainsi résumée : « Non. l’UE ne devrait pas s’estimer tenue de participer à la reconstruction de Gaza qui incombe clairement à l’État israélien. Elle devrait par contre fournir à l’Ukraine - en l’absence probable de réparations de la part de la Russie … -  toute l’assistance possible, probablement pour une longue période. »   

 
 
 

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