Le 28 Janvier 2020, les États Unis ont fait connaitre officiellement leur nouveau plan de Paix pour le “Middle East Peace Process”.
Un plan très contesté
Ce plan - qui se démarque fortement de toutes les prises de position des précédentes administrations américaines - reprend en fait l’essentiel de la position de l’actuel gouvernement israélien et exclut notamment toute “two-state solution”.
Il a été accueilli très négativement tant par les autorités palestiniennes que la plupart des chancelleries occidentales (1) et par l’Onu (2).
Ce n’est pas ici le lieu d’en détailler le contenu mais l’on peut se référer à deux articles de presse :
Bien que la nature très pro-israélienne de ce plan n’ait pas constitué une véritable surprise dans le monde diplomatique, il confirme la volonté de l’administration de Donald Trump de s’écarter délibérément des résolutions et positions des Nations Unies et de l’UE.
Une première réaction européenne étonnante
C’est pourquoi la réaction du Haut Représentant de l’Union peut légitimement étonner (3).
Celui-ci non seulement n’émet aucune critique ou même réserve vis à vis du plan - mais il va jusqu’à déclarer que l’initiative américaine est une occasion de “relancer" les négociations sur le conflit israelo-palestinien :
"Today’s initiative by the United States provides an occasion to re-launch the urgently needed efforts towards a negotiated and viable solution to the Israeli-Palestinian conflict.”
La déclaration de M. Borell reprend certes, ensuite, la position bien établie de l’UE en faveur d’une “negotiated and viable two-state solution” ainsi que la nécessité de respecter “all relevant UN resolutions and internationally agreed parameters”.
Mais elle s’abstient de relever l’évidence : à savoir que le plan américain constitue un rejet pur et simple de cette “solution” et légitime la violation de ces “resolutions and parameters”. Autrement dit, un plan en totale contradiction avec le droit international.
Cette déclaration reflète sans doute la faiblesse du consensus européen tant sur la question du conflit israélo-palestinien que sur l’attitude à adopter vis à vis de la nouvelle politique étrangère américaine.
L’UE vigie du respect de l’état de droit dans le monde
Mais la Haute Représentante précédente (Mme Mogherini) avait coutume d’adopter une position plus exigeante sur ces questions et surtout plus intransigeante sur le nécessaire respect du droit international et des résolutions de l’ONU.
Indépendamment du fond de l’affaire, la déclaration (hâtive ?) de M. Borrell risque donc d’affaiblir le rôle que l’UE s’efforce de jouer en tant que “ Vigie” de l’État de droit” (4) dans les relations internationales, rôle qu’elle a su jusqu’ici assumer - souvent de façon solitaire.
Au vu de l’attitude actuelle des États Unis en la matière - mais aussi de celle d’autres grandes puissances - un tel affaiblissement serait particulièrement mal venu.
Jean-Guy Giraud 02 - 02 - 2020
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(1) à l’exception notamment du RU : https://www.theguardian.com/politics/2020/jan/29/pm-tells-corbyn-dont-be-so-negative-about-middle-east-peace-plan (2) voir https://news.un.org/en/story/2020/01/1056412 (3) voir le texte complet de la déclaration : https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2020/01/28/declaration-by-the-high-representative-josep-borrell-on-behalf-of-the-eu-on-the-middle-east-peace-process/ (4) voir : https://www.lesamisdutraitedelisbonne.com/post/2018/08/13/le-sae-vigie-du-droit
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