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EN ROUTE POUR UN "FEDERICA GATE" ? 

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    giraudjeanbaptiste0
  • il y a 3 heures
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La bien inopportune polémique sur l’installation à Bruges de l’Académie Diplomatique Européenne - déclenchée par le parquet belge (sur l’initiative du parquet européen, semble-t-il) - vient de provoquer la démission de Mme Federica Mogherini de ses deux postes de rectrice du Collège d’Europe et de directrice de l’Académie (1)

 

Alléchées par la perspective de développement d’une « Federica Gate » (suggestion de l’auteur), la presse et diverses personnalités se sont empressées de multiplier les commentaires alarmés : 

 

«  Une enquête pour fraude risque de plonger l’UE dans la crise la plus grave depuis des décennies » POLITICO 

 

«  Si elles venaient à être prouvées, ces accusations déclencheraient le plus grand scandale à Bruxelles depuis la démission de la Commission Jacques Santer en 1999 » POLITICO 

 

«  La crédibilité de nos institutions est en jeu » MANON AUBRY  ( coprésidente du groupe La Gauche au Parlement européen)

 

«  Les institutions (de Bruxelles) ressemblent plus à une série policière qu’à une union fonctionnelle » ZOLTAN KOVACS (porte-parole du gouvernement hongrois)

 

«  J’envisage de déposer une nouvelle motion de censure » GHEORGHE PIPERA (eurodéputé roumain membre du groupe des Conservateurs et réformistes européens)

 

Diable ! L’affaire semble grave et l’on attend avec anxiété le déroulement de l’enquête du procureur belge désigné pour l’instruire - selon les modalités assez imprévisibles coutumières de ce parquet. 

 


Mais de quoi s’agit-il exactement ? 

Très brièvement, la polémique concerne la décision prise par la Commission de rattacher la nouvelle « Académie Diplomatique Européenne » au Collège d’Europe de Bruges. Naïvement, on pourrait penser que cette décision « va de soi » étant donné la nature et les fonctions de ces deux organes et elle ne semble d’ailleurs guère contestée à ce titre. 

 

En fait, c’est la procédure qui a précédé cette prise de décision qui serait en cause et notamment les modalités d’attribution de ce « marché public ». Celles-ci seraient entâchées de « corruption, conflit d’intérêt et violation du secret professionnel ». Ces accusations ont été portées (publiquement) par le parquet belge se fondant sur des signalements (non publics) du parquet européen. Et c’est l’étonnante décision du procureur belge de placer ( même brièvement) en garde à vue une ancienne Haute Représentante de l’UE (Mme Mogherini) qui a provoqué l’esclandre médiatique et la démission de l’intéressée. Et il n’est pas vraiment utile de commenter ici les soi-disantes rivalités personnelles de haut(e)s responsables des Institutions sur lesquelles s’appesantissent à plaisir certains medias.  

 

Un opportun binôme 

Plus sereinement, on pourra estimer que la création d’un binôme « Collège d’Europe - Académie Diplomatique Européenne » constitue a priori une initiative adéquate et bienvenue pour professionnaliser la conduite de la politique étrangère européenne en plein développement. La plupart des États membres disposent d’une filière de ce type et il était devenu indispensable de créer un cadre cohérent et proche de Bruxelles au sein duquel diplomates nationaux et européens puissent à la fois approfondir leur formation et échanger leur expérience. 

 

Et ce d’autant plus que les traités successifs ont établi et maintenu une regrettable et dommageable ambiguïté sur les compétences respectives des diplomaties nationales et européenne - ambiguïté dont les effets se font par exemple ressentir dans les deux douloureuses affaires de la Palestine et de l’Ukraine. Dès lors, assumant le caractère inter-gouvernemental de la conduite des affaires étrangères par l’Europe, il apparait indispensable d’assurer une bonne coopération et coordination des différents appareils diplomatiques (à Bruxelles comme dans les principales capitales étrangères). C’est précisément dans cet esprit que le binôme Collège/Académie peut s’avérer utile en tant que centre pédagogique et professionnel susceptible d’aider au développement d’une culture diplomatique commune.

 

Selon la formule consacrée, il convient de faire confiance à l’institution judiciaire pour dénouer les aspects procéduraux de cette affaire. Mais il serait regrettable et injuste de remettre en cause, dans ce contexte, le bien fondé de la décision prise et - plus encore - de céder à la facilité d’une attaque en règle contre l’ensemble du système institutionnel européen. 




Jean-Guy Giraud

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