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MME GEORGEVIA AUX PORTES DU FMI



Le 2 juillet 2019, les ministres des finances des gouvernements de 27 Etats membres de l’UE ont proposé leur candidate commune - la bulgare Mme Kristalina Georgevia - au poste de Directeur Général du FMI. Cette candidature sera soumise à l’approbation du Conseil d’administration du Fonds qui devra statuer avant le 4 octobre.


Sans retracer ici tout le contexte de cette candidature ni la nature du poste concerné, on peut s’attarder sur les particularités de la procédure de désignation par les 27, les facteurs qui ont pu motiver le choix effectué, l’adéquation de la candidate avec la fonction en question et les suites qui pourront être données à sa candidature.


Les particularités de la procédure 


Il faut essentiellement souligner - sans le développer - le caractère “très inhabituel” cette procédure :

  • les 27 gouvernements n’ont pas pu, comme prévu, se mettre d’accord informellement sur une candidature unique le 18 Juillet 2019 ( en marge de la réunion du G7) - contrairement aux précédentes désignations de DG du FMI (plus récemment, celle de Mme Lagarde),

  • ils ont donc dû organiser une procédure de vote (par courrier électronique) - dirigée, pour des raisons inexpliquées, par le Ministre français des finances,

  • ce vote n’a pas été juridiquement un vote du Conseil en tant qu’Institution, mais plutôt une décision à caractère intergouvernemental

  • les participants ont cependant décidé de se baser sur les règles de vote du Conseil cad sur les seuils de majorité applicables (55% des Etats représentant 65% de la population de l’UE),

  • bien que ces seuils n’aient été que partiellement atteints (56% des États ne représentant que 57% de la population), Mme Georgevia a été considérée comme “choisie”,

  • l’Allemagne serait parmi les États qui n’ont pas voté en faveur de Mme Georgevia,

  • le RU n’a pas participé à un vote qu’il aurait estimé “prématuré” et se réserverait de présenter son propre candidat (information non confirmée).

Les facteurs du choix


Il semble que ces facteurs aient été largement les mêmes que ceux qui ont présidé aux choix récents des dirigeants de l’UE elle-même(Commission, Conseil, BCE) - ce qui, sans être surprenant, peut apparaitre assez “décalé" pour le choix d’un organisme international tel que le FMI :

  • la nationalité : il fallait privilégier le choix d'un ressortissant d’un des nouveaux États membres de l’UE (Centre et Est) - "mal servis" lors des nominations proprement européennes,

  • l’orientation politique : un candidat centriste-libéral complétait l’équilibre réalisé, par ces nominations internes, entre les trois grands groupes politiques européens,

  • le genre : conformément à la règle stricte que s’est imposée l’UE, une candidature féminine devait être privilégiée,

  • l’approche économique : la candidate choisie aurait eu les faveurs des États de l’Est et du Sud de l’UE du fait de sa conception moins “rigoriste” de la gestion des finances, du déficit et de la dette publics. 

La qualification de la candidate


Tant la formation (économiste) que l’expérience européenne (Commission) et internationale (BIRD) de la candidate attestent de sa capacité à diriger une grande organisation économique internationale. De même, les avis sont quasi-unanimes sur ses qualités personnelles (autorité, jugement, indépendance) de dirigeante.


Il reste toutefois à apprécier dans quelle mesure cette qualification correspond au profil spécifique d’un DG du FMI, poste occupé le plus souvent par d’anciens banquiers centraux, ministres des finances ou présidents d’organisations financières internationales (BRI) - à l’exception bien sûr de la DG sortante, Mme Lagarde. N’appartenant pas à ce sérail ou cénacle très particuliers, Mme Georgevia pourrait éprouver, au moins dans un premier temps, quelques difficultés d’adaptation.


Appréciation nuancée à apprécier dans le contexte des deux grandes tâches qui seront probablement celles du FMI dans un proche avenir : avant tout se préparer à l’imminence annoncée d’une crise financière mondiale de grande ampleur et d’une nature nouvelle et imprévisible. Accessoirement, procéder enfin à une réforme sans cesse reportée de la gouvernance et des modes d’action du Fonds lui-même.


Les suites du processus


La tradition veut - on le sait - que le DG du FMI soit proposé par l'Europe (au sens large du terme) et que ce choix ne soit pas contesté par “les autres” membres du Fonds.


Il est formellement élu par le Conseil d’administration au sein duquel les voix sont pondérées en fonction des quote-parts des Etats au capital du Fonds (USA : 17% plus un droit unique de veto - UE : 30%).


La décision dépendra donc en fait du vote des Etats-Unis qui auraient déjà accueilli favorablement le choix européen - mais dont la décision finale, qui dépend du Président, demeure par nature incertaine… (1)


D’autre part, tant les modalités européennes particulières du choix de Mme Georgevia que son profil personnel peuvent servir d’argument à une fronde éventuelle de certains Etats membres du FMI. On sait en effet que de nombreux Etats (dont certains grands Etats comme l’Inde, la Chine ou la Russie) contestent depuis longtemps le monopole européen et ont de nombreuses revendications pendantes sur la réforme du Fonds (2).




Jean Guy Giraud 05 - 08 - 2019 

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(1) Une autre incertitude est liée à la position du RU qui n’a pas participé au vote européen du 2 juillet, ne s’estimerait pas lié par ce vote au vu de sa sortie imminente de l’UE, serait enclin à proposer la candidature du gouverneur actuel de la BoE ... et qui dispose d’un quota de 4% des voix au sein du FMI.   

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