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HONGRIE : LES VOTES LÉGISLATIF ET RÉFÉRENDAIRE DU 3 AVRIL 2022



Le 3 Avril 2022 auront lieu les prochaines élections législatives en Hongrie.


La partie s’annonce serrée en dépit d’un (récent) regroupement des 6 partis d’opposition, rassemblés par un jeune et populaire leader, M. Péter Màrki-Zaype, porté à la tête de cette coalition à la suite des élections municipales victorieuses de 2018 (1).


Le parti de M.Orban (Fidez), au pouvoir depuis 2010, semble toutefois devoir l’emporter : les sondages le créditent de 49% des voix contre 43% pour l’opposition. Il est toutefois possible que la crise russo-ukrainienne influence le scrutin, éventuellement aux dépens de M.Orban - proche du Kremlin et dont la position vis à vis de l’agresseur russe demeure ambigüe.


Mais un autre facteur doit être pris en considération.


Lors du scrutin du 3 Avril, les électeurs seront conjointement invités à se prononcer sur un referendum relatif à “l'éducation sexuelle des mineurs” (2). Il leur sera demandé s’ils approuvent /désapprouvent les quatre propositions suivantes :

  • "l’enseignement sur les orientations sexuelles sans consentement parental"

  • “la promotion chez les mineurs des traitements de changement de sexe”

  • “l’exposition sans restriction des mineurs à des medias sexuellement explicites”

  • “l’exposition des mineurs à des médias présentant des changements de sexe”

Ainsi présentées, ces quatre propositions sont évidemment susceptibles d’être désapprouvées par un forte majorité des votants - comme elles le seraient sans doute aussi dans la plupart des autres pays membres de l’UE.


Le problème est que - pour l’opinion polonaise - la "protection des mineurs” en matière sexuelle est étroitement associée avec la très médiatisée politique menée par le parti au pouvoir dans ce domaine. De sorte que voter contre ces propositions peut inciter logiquement à voter pour ce parti.


D’autre part, ce vote référendaire est implicitement lié à la question européenne.


M.Orban a souvent accusé l’”Europe” de mener une campagne en faveur de la libéralisation des moeurs - selon lui contraire à la culture et aux traditions hongroises et, au surplus, hors de sa compétence (3). C’est donc ainsi - de façon détournée - une prise de position biaisée vis à vis de l’UE qui est sollicitée des électeurs.


On dira certes qu’un tel montage est artificiel - voire malhonnête - et que la ficelle est un peu grosse.


Il est cependant probable qu’une partie de l’opinion - largement manipulée depuis de nombreuses années par le pouvoir - s’y laisse prendre, affaiblissant ainsi les faibles chances de l’opposition.


Mais, finalement, ce pourrait être la question ukrainienne qui déterminera l’issue incertaine du scrutin. Le martyre de la population civile infligé par l’armée russe émeut de plus en plus la population hongroise. Et le souvenir de l’écrasement de Budapest par les chars soviétiques en 1956 reste présent dans la mémoire des électeurs les plus âgés.


Quelle que soit la situation du conflit le 3 Avril, il sera difficile pour M.Orban de faire oublier sa proximité avec le pouvoir russe. Les très généreuses mesures sociales accordées en toute hâte ne suffiront peut-être pas à contrebalancer les effets délétères de cette compromission.


De quel côté penchera la Hongrie ? Les électeurs vont être placés devant un choix cornélien qui - quelle qu’en soit l’issue - résonnera fortement dans toute l’Europe.



Jean-Guy Giraud 16 - 03 - 2022

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