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BREXIT ET LE TRIO JOHNSON/FARAGE/TRUMP



Dans son discours (1), manifestement pré-électoral, du 26 Juillet 2019 devant la Chambre des Communes, le nouveau Premier Ministre Boris Johnson a confirmé son souhait de voir le Royaume Uni lâcher à bref délai les amarres qui le retiennent encore au continent - avec ou sans accord avec l’UE.


On assiste ainsi aux derniers épisodes de ce qui ressemble à une stratégie savamment orchestrée depuis plusieurs années par certains milieux politiques et économiques (surtout financiers) anglais, visant à restaurer une "GREAT Britain" (2) souveraine, indépendante, détachée à la fois de l’ordre européen symbolisé par l’UE et, sans doute, du système multilatéral international déjà mis en cause par les grandes puissances mondiales (USA/Russie/Chine).


Stratégie qui a pu être analysée comme un véritable “coup” ou “complot” mûrement réfléchi et organisé - ainsi que nous avions essayé de l’analyser dans 5 notes précédentes depuis 2017 (3).


Dans le style qui lui est propre - et qui est manifestement apprécié par de nombreux compatriotes (majoritairement anglais) - le Premier Ministre n’hésite pas à manier les hyperboles tels que “making this country the greatest place on earth” - “the greatest and most prosperous economy in Europe” - “the beginning of a new age for our UK”. Et d’additionner moultes promesses économiques et sociales mirifiques visant à convaincre l’électorat de l’imminence de cet “âge d’or”.


Dans cette entreprise, Boris Johnson pourra sans doute compter sur un appui de plus en plus massif du Président américain qui partage ses conceptions souverainistes et (ultra)libérales (au sens économique). Par l’entremise de Nigel Farage, les partisans anglais du Brexit dur vont d’ailleurs sans doute bénéficier d’un accroissement de l’aide financière fournie, dès la veille du referendum sur le Brexit, par certains donateurs d’outre-atlantique. Ceux-ci se sont regroupés à cet effet dans un “World4Brexit Group”(4) créé le 25 Juillet à New York en présence de Nigel Farage et de Steve Bannon.


La principale incertitude relative aux (probables) élections parlementaires de septembre/octobre 2019 réside d’ailleurs dans la dualité des deux partis de Boris Johnson et de Nigel Farage : partageant les mêmes objectifs, pourraient-ils former - au moins provisoirement - une forme d’alliance, de plate-forme électorale commune, seule à même de leur assurer une majorité (5) ?


La saga du Brexit approche sans doute de son terme programmé et le pire des scénarios semble à présent le plus probable : celui dans lequel Boris Johnson parviendrait soit à imposer une sortie sans accord de l’UE au Parlement actuel soit à recueillir une majorité favorable à cette sortie lors de nouvelles élections.


Aboutissement dont les conséquences domestiques, européennes et internationales - tant sur le plan économique que politique - seront, à court et moyen terme, fortement déstabilisantes.



Jean-Guy Giraud 28 - 07 - 2019    

___________________________________________________ (1) https://www.reuters.com/article/us-britain-eu-leader-speech-text/boris-johnsons-first-speech-to-parliament-as-uk-prime-minister-idUSKCN1UK1JK (2) l’adjectif “GREAT” figure à 11 reprises dans le discours de Boris Johnson (3) https://www.lesamisdutraitedelisbonne.com/post/2019/04/02/le-coup-du-brexit (4) https://nytimespost.com/brexit-live-nigel-farage-joins-forces-with-pro-trump-allies-to-form-world4brexit-group/ (5) “These guys should work together” aurait estimé Donald Trump à l’occasion de la création du “World4Brexit" 

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