Nous revenons sur le récent ouvrage de Pierre Moscovici : “Dans ce clair-obscur surgissent les monstres”.
Un long chapitre (65 pages) est consacré au “moment européen” c’est à dire à cette fameuse “fenêtre d’opportunité ” que représente la simultanéité :
"d’un président français engagé,
d’une Commission mobilisée,
d’une chancelière allemande disponible”.
Fenêtre “ouverte en 2017 - jusqu’à l’été 2018 sans doute” ...
Parmi les thèmes abordés, l’auteur détaille notamment ses positions sur l'Euro, les coopérations renforcées, l’élection du Parlement européen et la nomination du Président de la Commission. Le résumé de ses positions est le suivant :
Sur l’Euro
après le départ du Royaume Uni, la zone Euro représentera 85% du PIB de l’UE et "a vocation à s’étendre à l’Europe entire"
exclure la Grèce de la zone aurait été une erreur : “le jour où une monnaie quitte l’Euro, toutes les autres ont vocation à faire de même. On passerait alors d’une monnaie unique à une simple zone de taux de change fixes “
la zone Euro a besoin d’un budget, d’un ministre et d’un Parlement :
* d’un budget “pour investir plus et lutter contre les inégalités”
* d’un ministre (Président) “également membre de la Commission pour mieux piloter la politique économique”
* du contrôle d’un Parlement "qui ne peut être que le Parlement européen”.
le Mécanisme Européen de Stabilité doit être transformé en un Fonds Monétaire Européen et “intégré dans les Institutions européennes afin d’être démocratiquement contrôlé ”
Sur les coopérations renforcées
l’Europe à 28 est “compliquée, paralysée, hétérogène et divisée “
l’Europe à plusieurs vitesses, "si ses strates sont trop séparées, ferait courir le risque de séparer à nouveau les pays de l’Est de ceux de l’Est”
une Europe "resserrée autour de son noyau dur de pays plutôt riches et désireux d’aller de l’avant pousserait à faire renaître le nationalisme"
il faut favoriser des coopérations renforcées, "plus souples et plus pragmatiques qui encouragent les uns sans décourager les autres" (type Eurozone, Schengen, défense européenne, …) - tout en développant ce qui nous est commun (marché intérieur, libertés, …)
les deux démarches (approfondissement unitaire et coopérations à géométrie variable) "ne doivent pas être contradictoires : elles peuvent parfaitement se combiner”
Élections européennes et Spitzenkandidat
le retour au scrutin national en France “ a l’avantage de garantir le respect de la proportionnelle donc de la diversité” et de “faire émerger un grand mouvement pro-européen”
le principe du SpitzenKandidat doit être maintenu “mais en laissant une marge de manoeuvre aux dirigeants européens”. En 2018, “il faudra penser d’avantage à la coalition susceptible de trouver une majorité qu’au seul parti arrivé en tête”.
Dans un épilogue centré sur son propre avenir politique, Pierre Moscovici rappelle qu’il fait partie "de ceux, pas si nombreux, qui ont joué un rôle à la fois dans leur pays et dans les trois institutions européennes” ainsi que "d’avoir été élu local, député et membre du gouvernement français”.
Il conclue son livre en rappelant "qu’il a toujours eu le souci de faire avancer ensemble la France, l’Europe et la gauche”.
JGG 24/03/18