- giraudjeanbaptiste0
- 9 oct.
- 3 min de lecture

Une situation interne bloquée ...
La presse et les analystes sont - au niveau européen - de plus en plus préoccupés par les conséquences potentielles de la crise politique et financière en France.(1) Pour l’instant cantonnée aux institutions centrales (Gouvernement, Parlement, Présidence), cette crise pourrait à court terme provoquer des désordres sociaux et économiques rendant plus aléatoire encore le rétablissement du calme et de l’ordre indispensables à la stabilité d’un des principaux États membres de l’Union.
L’extrême volatilité de la situation politique française est d’autant plus inquiétante qu’aucune voie de sortie durable de cette crise n’apparait encore clairement - qu’il s’agisse d’un (énième) remaniement gouvernemental, d’une nouvelle dissolution parlementaire ou d’une anticipation de l’élection présidentielle.
… par le dysfonctionnement du système des partis politiques.
De fait, la cause principale du désordre institutionnel est profonde et structurelle. Elle réside principalement dans le blocage du système des partis politiques, relais indispensable au fonctionnement de tout régime démocratique. Blocage dû à un éclatement du spectre partisan en au moins six principaux partis distincts, à la radicalité des deux extrêmes de droite et de gauche, aux divisions internes des partis de gouvernement, à la réticence à toute forme de négociations et coalitions inter partisanes ... Un système par ailleurs peu implanté dans la société et très centralisé. La sortie de crise sera donc difficile et des enseignements devront en être tirés pour améliorer le système politique sans remettre en cause le régime lui-même.
Parer au plus pressé avec le soutien européen ...
Du point de vue européen, la priorité devrait être l’adoption en temps utile d’un budget permettant d’assurer la continuité des services de l’État et le respect de ses engagements internationaux, notamment vis à vis de l’Union et de son système monétaire - ce qui nécessitera à la fois une stabilisation des dépenses et une meilleure répartition des charges fiscales. D’autre part, dans ces circonstances troublées, une confirmation au plus haut niveau de la poursuite de l’engagement européen du pays permettrait de s’assurer de la solidarité active et de l’appui du système européen. Sur ces bases pourrait être évité un ébranlement du crédit international de la France dont, par ailleurs, les principaux paramètres économiques demeurent stables (inflation, emploi et, dans une moindre mesure, croissance).
… sortir de l’enfermement hexagonal ...
En résumé, le sort de la France et celui de l’Union sont structurellement liés. Longtemps au chevet de ses États membres les plus faibles, l’Europe doit à présent venir à l'aide de l’un de ses grands pays fondateurs. Certes, celui-ci devra avant tout rétablir calme et ordre sur sa propre scène politique - mais la conscience et la confiance de ses dirigeants envers la solidarité européenne ne peut que l’aider à surmonter la crise actuelle. Le syndrome d’enfermement parisien de la classe politique française (tant vis à vis de la « province » que de l’Europe) est facteur d’étouffement et de paralysie. Une plus grande ouverture au « pays réel » comme à i'environnement extérieur proche de la France permettrait à ses dirigeants de relativiser et contextualiser leurs désaccords tout en leur donnant une plus large conscience de leurs responsabilités.
… et résister aux extrémismes.
Enfin, il conviendrait de bien prendre conscience du danger que comporte le recours irréfléchi à des solutions extrêmes et de facto destructrices - même si constitutionnellement légitimes - comme par exemple la censure du pouvoir exécutif. Il se trouve que - dans des contextes politiques certes différents - les Parlements français et européen sont quasi simultanément saisis d’une telle proposition, poussée principalement par leurs composantes extrêmes et peut-être influencée, à leur insu, par des ingérences étrangères. La raison conseillerait de prendre toute la mesure d’un tel acte, de ne pas confondre décision politique et geste d’humeur, effort de clarification et entreprise de destruction.
Jean-Guy Giraud
07 - 10 - 2025
______________________________________
