Nous évoquions, dès Janvier 2019, tout l’intérêt que présentait la candidature d’Elizabeth Warren à la Présidence des États-Unis - ou plutôt, dans une première étape, à sa désignation comme candidate officielle du Parti Démocrate (1).
Ce qui apparaissait alors comme une très faible probabilité semble aujourd’hui beaucoup plus crédible - au vu des confrontations successives des différents candidats devant la presse.
En effet, deux candidats se détachent à présent assez nettement dans l’opinion : Joe Biden et Elisabeth Warren - et le premier est clairement, pour diverses raisons, en perte de vitesse. Il est par ailleurs probable que si le troisième candidat le plus populaire (Bernie Sanders) était amené à se retirer, la plus grande partie des voix de ses sympathisants se reporterait sur Mme Warren.
D’autre part, la position du Président Trump s’affaiblit quotidiennement. Sa capacité réelle à exercer la fonction même de Président est de plus en plus mise en doute et la procédure d’impeachment désormais amorcée par le Congrès pourrait faire obstacle à sa candidature.
Il est d’ailleurs significatif que la presse s’intéresse de plus en plus à la personnalité et au programme de Mme Warren (2). Parmi ses propositions-phares figurent la généralisation d’un régime public de sécurité sociale, un impôt sur la fortune et le démantèlement des GAFA (3).
En matière de politique étrangère, Mme Warren n’a pas encore eu l’occasion de présenter de propositions relatives aux relations USA/UE. Si elle ne semble guère favorable aux grands accords commerciaux (tels que le TAFTA) qui privilégieraient selon elle les intérêts des grandes entreprises, elle parait assez proche des positions pro-européennes du Président Obama.
Mais surtout, il est probable que Mme Warren ferait preuve de plus de retenue, de prévisibilité et d’esprit de coopération que le Président Trump dans le traitement des questions internationales, qu’il s’agisse des domaines stratégiques, commerciaux ou financiers. De même, on peut espérer qu’elle s’attache à limiter les effets de l’application extra-territoriale du droit américain dont les firmes européennes ont trop souvent été les victimes. En bref une remise en cause possible de la conception unilatéraliste de la politique étrangère américaine.
En toute hypothèse, la défaite éventuelle du Président Trump ne pourrait - du point de vue européen - qu’être accueillie avec soulagement. S’il devait être ré-élu - et donc conforté dans sa “politique” - de graves problèmes pourraient surgir dans les relations des USA avec "le reste du monde” et notamment avec l’Europe.
D’ou l’intérêt des responsables européens à considérer ouvertement Mme Warren comme une candidate sérieuse à la Présidence - et à asseoir sa crédibilité en tant que potentiel leader de stature internationale. Au moment opportun, une “tournée européenne” d’Elizabeth Warren pourrait être utile.
Jean-Guy Giraud 01 - 11 - 2019
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