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QUAND MONSIEUR JOSEP BORRELL VA À NEW YORK...


Ce 12 Mars 2024 à New York au siège des Nations-Unies, Monsieur Josep Borrell était entendu par le Conseil de Sécurité dans le cadre d’un échange régulier entre les NU et l’UE (1)

 

Le « Haut Représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de Sécurité de l’Union » s’y exprimait à ce double titre. Le but de l’entretien était principalement la présentation des actions extérieures de l’UE dans les domaines diplomatique, sécuritaire et humanitaire. 

 

Dans un style assez différent et plus direct que celui des diplomates représentant les 15 membres du Conseil (dont les 5 membres permanents), M. Borrell a tenu à aborder longuement et précisément les deux conflits en cours en Ukraine et à Gaza

 

Au vu du caractère exceptionnel de cet échange et du contexte international - tant le discours de M. Borrell que les répliques des 15 diplomates méritent d’être visionnées dans leur intégralité sur le site onusien : 

 

 

On notera dans l’intervention du HR - outre une présentation engagée et volontariste de la position de l’Union sur Gaza et l’Ukraine - la manifestation d’un soutien clair et net de l’action des différents organes des NU - et tout particulièrement de l’UNRWA. De même, le HR a tenu à mettre en exergue le rôle joué par le Secrétaire Général, Monsieur Antonio Guttierez

 

Le fil conducteur de son discours était l’engagement de l’UE à promouvoir sur la scène internationale le multilatéralisme organisé et pacifié, selon l’esprit et la lettre de la Charte des NU. 

 

Les interventions des 5 membres permanents ont été assez disparates :

 

  • Russie : longue et violente diatribe contre l’action de l’UE agissant comme un bloc expansionniste et agressif dans la pire des traditions colonialistes - russophobie haineuse européenne aggravée par ses derniers élargissements - erreur fatale d’une union économique qui se veut à présent politique - attaque personnelle contre le HR - opposition à la coopération entre l’UE et les NU - et, plus surprenant, prévision d'une réaction négative des électeurs européens à cette action extérieure de l’UE.

  • États-Unis : reconnaissance appuyée (« félicitations ») à l’UE ( et au HR) pour son rôle mondial qui en fait un « bon partenaire » des NU dans  à l’échelle mondiale - mais aucune référence à Gaza ni à l’Ukraine,

  • Chine : longue intervention se félicitant de la montée en puissance de l’UE, « chef de file du multilatéralisme » - encouragement à poursuivre ses actions de maintien de la paix - reconnaissance du défi pour la sécurité européenne en Ukraine - remerciements à l’UE pour sa protection des populations civiles à Gaza et ses efforts pour un cessez lz feu - la Chine est disposée à collaborer avec l’UE au plan international,

  • Royaume-Uni : brève mention neutre des principales actions de l’Union, notamment en Palestine, 

  • France : service minimum sans citer le HR et en précisant qu’il s’agit de l’action de l’Union et de ses États membres,

Parmi les interventions des membres non permanents, on peut retenir les suivantes :


  • Algérie : appui marqué au HR et reconnaissance du rôle de l’UE à Gaza et en Ukraine,

  • République de Corée et Sierra Leone : félicitations au HR et accord avec ses analyses - reconnaissance du rôle très important de l’UE qui a la même vision du monde que les NU - soutien au partenariat UE/NU,

  •  Slovénie (UE) : félicitations au HR - UE comme soutien du multilatéralisme et active dans la résolution des crises - facteur de stabilité en Europe.

 

Dans son allocution de clôture, le HR « a laissé parler son coeur » (en espagnol). Il a vertement et longuement réfuté l’intervention « sarcastique » de la Russie et confirmé la volonté de l’UE de jouer un rôle géo-politique en faveur du multilatéralisme. Il a réitéré en particulier le soutien de l’UE à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, réfutant au passage la thèse du « drapeau blanc » (évoquée par le Pape François). 

 

Il a à nouveau insisté sur la situation dramatique de Gaza  (« Ukraine/Gaza : même combat ») et lancé un appel pressant au Conseil de Sécurité pour qu’il se prononce clairement en faveur du principe de deux États (Israël/Palestine). 

 

 

Au total, les membres du Conseil de Sécurité ont sans doute été frappés par le contraste entre - d’une part - la clarté des positions et l’engagement direct et fervent du « représentant de l’UE » et - d’autre part - la désunion et la disparité des positions des États membres de cette même Union dans l’enceinte onusienne - notamment lors des votes en Assemblée générale (2). D’une certaine façon, M. Borrell a ainsi, une fois de plus sauvé l’honneur de  l’Europe. 

 

 

 


Jean-Guy Giraud - 13-03-2024

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(1) Plus précisément dans le cadre des rencontres entre l’ONU et les « Organisations Régionales » (Chap. VIII de la Charte)

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