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QUAND LA RUSSIE DIVISE L'EUROPE



Une déclaration ferme sur la Syrie ...

Le 25/02/20, quatorze des vingt-sept Ministres des Affaires étrangères de l’UE ont signé une importante déclarationappelant le régime syrien et ses soutiens, notamment russe, à la cessation immédiate des hostilités en Syrie.


Ce texte souligne le risque "d’une nouvelle catastrophe humanitaire, l’une des pires d’une crise syrienne qui en a déjà provoqué d’innombrables en près d’une décennie”.


De fait, les troupes syriennes et l’aviation russe poursuivent la destruction systématique de villes dans le NO de la Syrie, entrainant la mort ou la déportation de centaines de milliers de civils dont un grand nombre de femmes et d’enfants - ainsi que la destruction délibérée d’hôpitaux et centres de secours.


La prise de position claire et ferme des quatorze États membres de l’UE s’adresse principalement à la Russie, principale responsable des bombardements meurtriers. Sur le plan diplomatique, cette condamnation est la première condamnant directement Moscou et faisant même référence “à de futures poursuites contre les responsables des crimes les plus graves” et à la saisine de la Cour Pénale Internationale “pour que les crimes commis en Syrie ne restent pas impunis”.


… repoussée par treize Etats membres de l'UE

L’importance même de cette déclaration conduit à s’interroger sur la liste de ses signataires et à relever les points suivants :


  • l’UE en tant que telle est absente, confirmant ainsi son incapacité à adopter une position commune sur ces massacres,

  • près de la moitié de ses États membres (treize sur vingt sept) ont refusé de signer la déclaration, manifestement parce qu’elle mettait directement en cause la Russie,

  • parmi les treize non-signataires se trouvent dix États issus des derniers élargissements (anciens États communistes plus Chypre et Malte) - ainsi que la Grèce et l’Autriche,

  • au contraire, tous les anciens États membres de l’UE (dont les principales puissances : Allemagne, France, Italie, Espagne) ont signé  ce texte (1) - de même que la Pologne.


Ainsi éclate au grand jour - sur une question pourtant plus humanitaire que diplomatique - la défection collective de toute une partie de l’Union qui a sans doute privilégié ses liens bi-latéraux avec la Russie par rapport à la solidarité européenne alors même, répétons le, qu’il s’agit essentiellement de faire cesser une catastrophe humanitaire.


L’incapacité diplomatique de l’Union

Plus largement, cette affaire témoigne de l’incapacité de l’Union à conduire une politique étrangère et donc à exercer une influence quelconque même sur les situations internationales les plus graves et inacceptables.


Cette incapacité résulte principalement du fait que les traités, dans leur état actuel, privilégient le principe de souveraineté nationale au détriment de l’action commune en matière de relations extérieures de l’Union.


Ainsi, la politique étrangère de l’UE demeure soumise à la règle de l’unanimité (art. 24 TUE) dont l’existence même décourage toute tentatived’action diplomatique commune.


Aussi longtemps que ce principe et cette règle seront maintenus, les intérêts nationaux propres de chaque État membre - aussi passagers ou accidentels soient-ils - l’emporteront sur la solidarité européenne et l’UE demeurera réduite à l’impuissance sur la scène internationale.



Jean-Guy Giraud  27 - 03 - 2020

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(1) l’absence du Luxembourg étant inexplicable

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