Le premier septembre 2022 - à l’occasion de la « Conférence des Ambassadeurs » - le Président Macron a prononcé un vaste discours de politique étrangère.
Une partie de ses propos a porté sur la question la « Communauté politique européenne ».
Il a notamment annoncé que la première réunion de la CPE aura lieu en Octobre 2022 à Prague.
Nous reprenons ici le passage de son discours consacré à cette question en l’assortissant de sous-titres facilitant la lecture.
(Le texte complet publié par l’Elysée est ici.
La video de l’intervention:
L’Europe (au sens de la CPE) doit être indépendante au niveau géopolitique
« C'est cette même volonté d'indépendance que je veux aussi au niveau géopolitique. En effet, l'Europe est de plus en plus autonome et se pense de plus en plus en termes géopolitiques »
L’Europe ne dois pas se limiter à l’UE et celle-ci doit préserver son intimité et la proximité entre ses Etats membres
« Toutefois, l'Europe ne se limite pas à l'Union européenne. Vous m'avez souvent entendu le dire : si nous ne pensons pas à l'Europe hors de l'Union européenne nous nous condamnons à ce que l'Union européenne épouse à termes l’Europe. Nous aurons à choisir entre l'intimité de nos politiques, la proximité des Etats et la cohérence géopolitique de ce qu'est l’Europe. C'est fort de cette tension et de cette réalité qu'il y a quelques mois, j'ai proposé ce projet de Communauté politique européenne »
Une réunion semestrielle entre Etats européens, membres et non membres de l’UE (dont le RU, la Norvège, laSuisse, les états des Balkans occidentaux et, éventuellement la Turquie)
« La Communauté politique européenne doit nous permettre d'abord de nous réunir tous les six mois entre membres de l'Union européenne, mais aussi Britanniques, Norvégiens, Suisses, État des Balkans occidentaux, Ukrainiens, etc. La question de la Turquie est posée par beaucoup d'autres membres, elle sera débattue et la France n'a pas de veto à mettre en tout cas au profit d’une formation large et la plus inclusive possible »
Les Institutions de l’UE ne sont pas au coeur de la CPE : il ne s’agit pas de partenariats avec l'UE
« Une formation large et la plus inclusive possible mais où les institutions de l'Union européenne ne sont pas au cœur du projet, ni ce qui la structure. Sinon nous reviendrons dans toutes les formes qu'on connaît déjà de partenariat où les Etats qui ne sont pas membres de l'Union européenne ne viennent là que pour avoir des crédits ou rejoindre à un moment le club »
Bâtir une intimité stratégique sur une base très intergouvernementale
« ll nous faut bâtir avec tous ces États, de manière très intergouvernementale de l'intimité stratégique sur ces questions clés »
Une intimité stratégique sur des questions clés
« Il faut pouvoir bâtir avec eux autour des changements climatiques, de l’approvisionnement énergétique, la politique étrangère et de sécurité, les matières premières, la sécurité alimentaire »
Stopper l’influence croissante de la Russie et de la Turquie, notamment dans les Balkans occidentaux
« C'est ce qui nous permettra d'abord de stopper l'influence croissante que dans, pour ne prendre qu'un exemple, la région des Balkans occidentaux, la Russie ou la Turquie peuvent avoir parce qu'il n'y a pas assez de contacts au niveau politique. Cela me permettra aussi de stopper une espèce de musique de non-reconnaissance de beaucoup de ces États et gouvernements. »
Stopper l’extension infinie de l’UE qui doit d’abord régler ses problèmes
« Ça nous permettra de stopper cette logique d'expansion infinie de l'Union européenne qui, compte tenu de tout ce que j'ai dit, a plutôt besoin d'être plus forte, plus souveraine et plus autonome, et donc, doit déjà régler ses problèmes. »
L’Allemagne adhère au projet
« Je me félicite que dans son discours de Prague, le chancelier SCHOLZ ait adhéré à cette idée »
La première réunion de la CPE aura lieu en Octobre 2022 et sera l’occasion de nouvelles alliances et d’autres projets
« Je me félicite que, en octobre à Prague, le premier ministre tchèque organisera la première réunion de cette Communauté politique européenne qui nous permettra ainsi de bâtir, j'en suis sûr, de nouvelles alliances, de penser d'autres formes de coopération politique, à l'échelle du continent et de bâtir cette Europe qui est faite à la fois de diversité et de volontés communes. Nous pourrons ainsi parler de projets stratégiques, de projets culturels et de beaucoup de choses. »
Texte intégral :
Vous le voyez à travers ça, c'est bien notre indépendance que nous renforçons et que nous consolidons. C'est cette même volonté d'indépendance que je veux aussi au niveau géopolitique. En effet, l'Europe est de plus en plus autonome et se pense de plus en plus en termes géopolitiques. Toutefois, l'Europe ne se limite pas à l'Union européenne. Vous m'avez souvent entendu le dire : si nous ne pensons pas à l'Europe hors de l'Union européenne nous nous condamnons à ce que l'Union européenne épouse à termes l'Europe. Nous aurons à choisir entre l'intimité de nos politiques, la proximité des Etats et la cohérence géopolitique de ce qu'est l'Europe. C'est fort de cette tension et de cette réalité qu'il y a quelques mois, j'ai proposé ce projet de Communauté politique européenne, s'inspirant d'ailleurs des projets français de confédération qui avaient été portés juste après la chute du mur de Berlin. Je parle sous le contrôle de celles et ceux qui y ont participé. Ceux-ci n'avaient sans doute pas été suivis parce qu'ils étaient trop apparus comme un substitut à l'élargissement pour certains, dont ils considéraient que c'était un dû - je pense à beaucoup de pays qui étaient de l'autre côté du mur européen - et parce que la Russie en était membre dès le début. Vous avez donc raison de rappeler qu'elle l'était parce qu'elle avait un dirigeant qui l'honorait et qui avait pris des risques politiques éminents. Ce qui me permet à ce stade du discours d'avoir un mot et de pouvoir rendre hommage à Mikhaïl Gorbatchev, pour l'action historique qu'il a conduite dans cette période.
Néanmoins, fort de cette expérience et de la réalité dans laquelle nous vivons, la Communauté politique européenne doit nous permettre d'abord de nous réunir tous les six mois entre membres de l'Union européenne, mais aussi Britanniques, Norvégiens, Suisses, État des Balkans occidentaux, Ukrainiens, etc. La question de la Turquie est posée par beaucoup d'autres membres, elle sera débattue et la France n'a pas de veto à mettre en tout cas au profit d’une formation large et la plus inclusive possible mais où les institutions de l'Union européenne ne sont pas au cœur du projet, ni ce qui la structure. Sinon nous reviendrons dans toutes les formes qu'on connaît déjà de partenariat où les Etats qui ne sont pas membres de l'Union européenne ne viennent là que pour avoir des crédits ou rejoindre à un moment le club. Non. Il nous faut bâtir avec tous ces États, de manière très intergouvernementale de l'intimité stratégique sur ces questions clés. Il faut pouvoir bâtir avec eux autour des changements climatiques, de l’approvisionnement énergétique, la politique étrangère et de sécurité, les matières premières, la sécurité alimentaire et ce, tous les six mois au moins. Je peux vous l'écrire, ce sera un changement radical parce que c'est ce qui nous permettra d'abord de stopper l'influence croissante que dans, pour ne prendre qu'un exemple, la région des Balkans occidentaux, la Russie ou la Turquie peuvent avoir parce qu'il n'y a pas assez de contacts au niveau politique. Cela me permettra aussi de stopper une espèce de musique de non-reconnaissance de beaucoup de ces États et gouvernements. Ça nous permettra de stopper cette logique d'expansion infinie de l'Union européenne qui, compte tenu de tout ce que j'ai dit, a plutôt besoin d'être plus forte, plus souveraine et plus autonome, et donc, doit déjà régler ses problèmes. Mais on a besoin de cet espace géopolitique.
Je me félicite que dans son discours de Prague, le chancelier SCHOLZ ait adhéré à cette idée. Au-delà de saluer son discours, je me félicite que, en octobre à Prague, le premier ministre tchèque organisera la première réunion de cette Communauté politique européenne qui nous permettra ainsi de bâtir, j'en suis sûr, de nouvelles alliances, de penser d'autres formes de coopération politique, à l'échelle du continent et de bâtir cette Europe qui est faite à la fois de diversité et de volontés communes. Nous pourrons ainsi parler de projets stratégiques, de projets culturels et de beaucoup de choses.
Jean-Guy Giraud. 02/09/22
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