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LE CONSEIL EUROPEEN VA-T-IL COMPLIQUER "LA CRISE DES VACCINS" ?



La fabrication et la distribution - dans l’urgence - des différents vaccins au sein de l’Union pose, comme cela était prévisible et inévitable, de difficiles problèmes techniques (1).


Une initiative bienvenue de la Commission

Disons d’abord clairement que l’initiative de la Commission de commander et réserver rapidement un stock de doses adapté aux besoins des 27 Etats membres était à la fois novatrice et opportune. Sans cette initiative, chacun des Etats aurait été individuellement soumis au bon vouloir et à la surenchère financière des sociétés pharmaceutiques (multinationales) concernées. Et ce "chacun pour soi” aurait sans doute dégénéré en affrontements inter-étatiques délétères susceptibles - vu la gravité du contexte - de provoquer une grave crise politique au sein de l’UE.


En dépit de problèmes logistiques tout à fait compréhensibles dans ce phénomène pandémique sans précédent, la Commission a, dans l’ensemble, réussi à assurer et maintenir une fourniture de doses aussi large que possible aux 27 EM - et même à participer à une distribution gratuite au niveau mondial à l’intention des pays les moins favorisés. Elle a aussi permis d’éviter que trop d’initiatives nationales unilatérales ne compliquent sérieusement l’approvisionnement de chaque EM. De fait, si certains problèmes de répartition se sont posés - et continueront à se poser - ils ont pu en grande partie être réglés par la Commission avec la coopération des EM. Nous laissons ici de côté les initiatives bruyamment orchestrées - mais finalement marginales - de certains EM vis à vis de fournisseurs extra-européens comme la Russie ou la Chine.


Mais il se trouve qu’un différent plus grave est apparu entre l’UE et le RU au sujet de la fourniture préférentielle du vaccin “suédo-britannique” AstraZeneca. Si le fond de l’affaire demeure lui aussi marginal en termes quantitatifs, l’attitude du gouvernement britannique l’a transformée en incident diplomatique. Incident qui alourdit un climat bilatéral déjà affecté par le non respect délibéré (provocateur ?) par Londres de certains clauses de l’accord sur le Brexit.


Pour autant, tous ces problèmes pourraient - devraient - être réglés dans le cadre institutionnel ad hoc : la Commission et le Conseil de Ministres (voire le COREPER) pour les questions internes à l’UE et l’organe de supervision/arbitrage de l’accord du Brexit pour les relations UE/UK.


Un risque de complication par le Conseil europeen

Or, il apparait que le Conseil européen - à l’initiative de son Président - a décidé de se saisir de l’ensemble du dossier lors de sa prochaine réunion des 25/26 Mars 2021.


Cette initiative risque fort de compliquer les choses si l’on se réfère aux précédents débats de cet aréopage, notamment sur les questions du budget pluri-annuel, du Plan de relance et de l’"état de droit”. Répétitivement, les chefs d’État et de gouvernement y ont étalé leur désunion et leurs griefs réciproques, soucieux avant tout de se justifier auprès de leurs opinions publiques ou d’affirmer leurs propres conceptions du rôle de l’Union. Désunion que, dans le cas particulier de la crise des vaccins, le RU s’efforce évidemment d’attiser en plaidant bilatéralement sa cause auprès des responsables européens les moins coopératifs.


Ici encore, le Conseil européen - du moins dans sa composition actuelle - risque de se révéler comme le maillon faible de l’architecture institutionnelle - et, par là même, de la solidarité et de l’unité européennes. Il est vrai que, jusqu’ici, cette unité a pu être préservée dans la négociation du Brexit - grâce à l’habileté diplomatique de Michel Barnier et des services de la Commission et à … la non intervention du Conseil européen dans les détails de l’affaire.


Il reste à espérer que, sur la question des vaccins, le Conseil européen se limite au rôle que lui fixe le Traité - c’est à dire de fournir “impulsions" et “orientations” sans prétendre se saisir du fond de la question. Au passage, il pourrait même soutenir la Commission dans ses actions et l’encourager à les poursuivre comme le Traité lui en confie la charge.


Jean-Guy Giraud 22 - 03 - 2021

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