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LA RENTRÉE DES TROIS DAMES



La rentrée promet d’être particulièrement difficile pour les trois responsables désignées (directement et indirectement) par le Conseil européen : Mmes Von Der Leyen (CE), Lagarde (BCE) et Georgieva (FMI) (1).


La future Présidente de la Commission devra négocier avec les Gouvernements - puis avec le Parlement - la composition de son équipe. Cette entreprise s’annonce beaucoup plus difficile que pour les précédents collèges. Plusieurs dirigeants en place (en Europe du centre et de l’est - ainsi qu’en Italie) chercheront en effet à imposer des candidats dont "l’expérience, l’engagement et/ou l’indépendance” pourraient être légitimement mis en cause par le Parlement (2).


Mme Von der Leyen devra donc faire preuve non seulement de talent diplomatique mais aussi de beaucoup de détermination pour obtenir du Conseil un collège présentable.


Son équipe constituée, elle sera aussitôt confrontée à plusieurs problèmes graves et urgents qui constitueront un véritable test de sa capacité d’action : cadre budgétaire pluriannuel, guerres commerciales, dérèglement climatique, détérioration de l’État de droit, migrations, etc… Le tout dans un contexte de profondes divisions politiques au sein même de l’Union.


Les futures Présidentes de la BCE et du FMI devront, pour leur part, affronter - dans un délai et selon un scénario plus imprévisibles - une crise monétaire et financière internationale annoncée par la quasi-unanimité des observateurs et probablement assez différente des précédentes. Un défi de beaucoup plus grande ampleur que les problèmes internes de l’UE (laquelle se retrouvera toutefois directement impliquée) et qui exigera une grande maitrise technique des moyens d’action des deux Institutions concernées. Mais c’est aussi la reconnaissance de l’autorité morale personnelle des nouvelles dirigeantes vis à vis des gouvernements et opérateurs qui sera déterminante.


Il faut donc espérer que les Gouvernements de l’UE étaient pleinement conscients de ces situations lorsqu’ils ont choisi de mettre à la tête de ces trois Institutions les trois personnes concernées.


Sans doute certains d’entre eux ont-ils en fait considéré que les véritables maitres du jeu (et des décisions) demeuraient les Gouvernements en tant que responsables politiques "de dernier ressort”. Que les grands arbitrages relevaient de cénacles intergouvernementaux tels que le Conseil européen (3), le G7 et autres G20 - plus que d’Institutions permanentes multilatérales. Et ce tout particulièrement en situation de crise.


Ce jugement se heurte bien sûr une réalité simple : celle de la composition aléatoire, instable et parfois malencontreuse de ces cénacles. Instances dont les membres sont au surplus en premier lieu concernés par - et “accountable” devant - leurs opinions publiques respectives. Alors que les Institutions ont, elles, par nature, pour unique mission de rechercher un "bien commun” et de fournir le meilleur cadre possible d’analyse factuelle, de négociation et de décision collégiale. Dussent les egos des dirigeants suprêmes et de leurs entourages en souffrir …


Jean-Guy Giraud 09 - 08 - 2019



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(1) sous réserve de l’accord du Conseil d’administration du Fonds - voir : https://www.lesamisdutraitedelisbonne.com/post/mme-georgevia-aux-portes-du-fmi



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