Le Conseil Européen va se réunir les 17 et 18 octobre prochains dans des circonstances d‘une extrême gravité.
Il sera en effet confronté à une amplification brutale des deux conflits du Moyen Orient et d'Ukraine.
Le risque d’une extension internationale de ces conflits - menaçant à très court terme des intérêts vitaux de l’Union - est à présent indéniable.
Les 27 chefs d’État et de Gouvernement ne pourront plus se limiter - comme jusqu’ici - à de vagues déclarations de principe sur le respect du droit international ou humanitaire ni à la prise de sanctions globales ou individuelles.
La situation exige que l’Union adopte en urgence une position diplomatique commune - ferme et sans faille - à la hauteur des dangers et des enjeux visant ses États membres et ses citoyens.
Elle exige que des décisions concrètes soient prises à l’encontre des belligérants de tous bords - et d’abord envers Israel et l’Iran d’une part et la Russie d’autre part.
Elle exige que soient parallèlement actionnées - pour la première fois - certaines des mesures préparatoires de « défense commune » prévues par le Traité (1).
Elle exige que soient prises des initiatives concrètes visant à assurer la sécurité économique de l’UE (notamment en matière d’approvisionnement énergétique).
Elle exige enfin que l’Union prenne activement la défense du respect des principes et des Institutions des Nations Unies ouvertement bafoués par les belligérants. (2)
Pour la première fois depuis sa création, l’Europe ne pourra pas compter - et se défausser - sur l’allié américain, quel que soit son prochain Président.
Tout ceci exige, de la part du Conseil européen, un degré d’unité, de détermination et de réalisme jusqu’ici rarement atteint.
Certes, tant la situation interne de l’UE (recomposition en cours de son exécutif) que celle de certains de ses principaux États membres (Allemagne et France notamment)) ne sont pas optimales à ce moment précis. Ce qui explique, peut-être, en partie le choix de ce moment par les différents belligérants pour intensifier leurs offensives.
Mais c’est précisément pour dépasser toutes ces contingences et assurer la sécurité de l’ensemble des citoyens que le Traité a prévu des compétences, des organes et des procédures pertinentes.
Ne pas les mettre en oeuvre à un moment aussi grave de la brève histoire de l’UE pourrait non seulement bloquer durablement son ambition de « puissance mondiale » - mais aussi affecter son fragile équilibre politique actuel.
En réalité, c’est donc toute la crédibilité du Conseil européen en tant qu’« organe suprême » de l’Union qui sera en jeu les 17 et 18 octobre prochains.
Sera-t-il capable de faire face à des responsabilités majeures qu’il ne cesse par ailleurs de revendiquer ? Ou se limitera-t-il à des déclarations auto-censurées sans réelle portée?
L’opinion publique européenne est alertée et même alarmée. Elle jugera sur des actes et non sur des « conclusions » abstraites aussitôt dépassées (3).
Jean-Guy Giraud
14 - 10 - 2024
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(1) Articles 42 à 44 TUE : « missions visant à assurer le maintien de la paix, la prévention des conflits, le renforcement de la sécurité internationale »
(2) Article 3§5 TUE : « L’Union contribue au strict respect (…) des principes de la Charte des Nations Unies"
(3) à cet égard, l’énoncé de l’ordre du jour du Conseil européen relatif à ces deux crises n’est guère rassurant : https://www.consilium.europa.eu/fr/meetings/european-council/2024/10/17-18/
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