« Je lance aujourd’hui à Gand un appel à tous les États européens qui le souhaitent pour mettre en place un marché des capitaux sur une base volontaire … Comme il est impossible de démarrer à 27, démarrons à quelques uns ».
Juste avant l’ouverture du Conseil informel des Ministres des Finances de l’UE à Gand le 23 Février 2024, , le ministre français Bruno Le Maire a poussé un véritable « coup de gueule » devant la presse. Lassé par des années de négociations infructueuses pour compléter le marché européen des capitaux, il s’est dit déterminé à aller de l’avant avec les 3 ou 4 États qui souhaiteraient également s’engager.
(Nous invitons les lecteurs à écouter d’abord cette intervention - très inhabituelle dans la forme comme dans le fond : https://newsroom.consilium.europa.eu/events/20240223-eurogroup-meeting-february-2024/143806-1-arrivee-et-declaration-fr-le-maire-part-1-20240223 et https://newsroom.consilium.europa.eu/events/20240223-eurogroup-meeting-february-2024/143806-2-arrivee-et-declaration-fr-le-maire-part-2-20240223
En résumé, le raisonnement est le suivant :
la croissance européenne - pourtant délivrée de l’inflation - reste freinée par trois facteurs : un financement inadapté, des normes paralysantes et un développement insuffisant de l’intelligence artificielle,
pour « briser ces chaines », il est nécessaire - au moins dans un premier temps mais dès 2024 - de faire appel à une coalition de quelques États volontaires,
l’action de ces États devrait notamment porter sur le volet financier de la relance, plus précisément sur le marché des capitaux,
cette action devrait viser à « mobiliser l’épargne dormante » (estimée dans l’UE à 10.000 milliards d’euros) au moyen de trois leviers relatifs à la supervision bancaire, à un « plan d’épargne européen » et à la titrisation des avoirs des banques.
Parmi ces trois propositions, la plus originale est sans doute celle relative à la création d’un « plan d’épargne européen ».
On sait que que l’UE a créé en 2019 un « plan d’épargne-retraite européen » qui n’a pu véritablement décoller du fait des réticences ou du manque d’intérêt tant des autorités financières nationales que des banques elles-mêmes.
On sait aussi que, lors de la mise sur pied du plan de relance en 2020, l’idée du lancement d’un grand emprunt populaire européen (proposé directement aux particuliers) avait été évoquée - mais pas véritablement développée. Les arguments en faveur d’un tel emprunt ainsi que les obstacles éventuels avaient été présentés ici : https://www.lesamisdutraitedelisbonne.com/post/la-fausse-bonne-idée-d-un-grand-emprunt-populaire-européen-ng-ue. La création d’un nouveau « Livret E » sous l’égide de l’UE et de la BCE serait en effet une grande première tant sur le plan financier que politique.
M. Le Maire semble véritablement déterminé à déterminé à donner des suites rapides à son « appel de Gand ». On saura donc, dans les prochaines semaines, quelle est exactement la nature de ses propositions ainsi que la réaction des autres ministres et de la Commission.
Jean-Guy Giraud
25 - 02 2024
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