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QUELLE "POLITIQUE RUSSE" DE L’UE ?



À la demande expresse du Conseil Européen, la Commission et le Haut Représentant de l’Union (“pour les affaires étrangères et la politique de sécurité”) viennent d’adopter une “communication commune sur les relations entre l’UE et la Russie (1).


Sans entrer ici dans le fonds de cette question, relevons seulement son importance géo-stratégique du simple fait de la proximité géographique des deux ensembles (2.000 km de frontières communes), de leurs liens économiques et surtout de l’agressivité croissante de la Russie envers l’UE depuis plusieurs années. Et, plus généralement, de son rejet explicite et assumé du modèle libéral occidental.


Les trois concepts maîtres de cette communication illustrent bien le caractère très instable de la relation telle que ressentie par l’UE : “push back, constrain and engage”. Les quelques treize pages du texte fournissent un relevé exhaustif et précis des principaux points de friction ainsi qu’un ensemble de propositions pour faire face à une situation potentiellement très dangereuse pour l’Europe.



Le rôle du binôme Commission/HR

Sur la forme, cette proposition peut-être considérée comme un modèle d’exercice diplomatique d’analyse, de prévision et de stratégie - tel que l’Union est censée l’effectuer en matière de politique étrangère aux termes même du Traité (“assurer un haut degré de coopération dans tous les domaines de relations internationales” - art.21§2 TUE).

Le fait qu’elle soit présentée sous la responsabilité commune de la Commission et du Haut représentant n’est pas anodin : cela confirme le rôle complémentaire de ces deux entités en matière de PESC (“politique étrangère et de sécurité commune”) (2) tant sur le plan de la conception que de la mise en oeuvre de celle-ci.


À la lecture des remarques faites par le Haut représentant (3), on devine que cette contribution est principalement l’oeuvre du Service européen d’action extérieure (SEAE) qui est effectivement l’organe ad hoc non seulement pour élaborer cette stratégie mais aussi pour en guider le développement sur le terrain.

Mais on mesure aussi l’importance du rôle de la Commission dans les principaux domaines concernés par la "politique russe” de l’UE (pardon, “la politique de coopération avec la Russie”…) en matière commerciale, énergétique, cybernétique, … mais également, à présent, sur le plan environnemental et sanitaire.

Ainsi, l’importance du binôme Commission/HR ainsi que la nécessité d’une étroite coordination de leur action apparaissent-ils clairement - sur une question majeure - à l’occasion de cette prise en mains assumée du cas russe.


La responsabilité du Conseil européen

Dès le 24 Juin, le Conseil européen (4) se saisira de la question en vue “d’identifier les intérêts et objectifs stratégiques de l’Union” (art. 22§1 TUE) vis à vis de la Russie.


On observera donc attentivement ses débats mais surtout les conclusions précises qui devraient en être tirées.


Exercice délicat au vu des prises de position publiques divergentes affichées par certains gouvernements en place et des pressions de diverses natures faites sur eux - directement ou indirectement - par la Russie. Et exercice sérieusement compliqué par le fait que le Traité confie aussi au Conseil européen - statuant à l’unanimité - la prise de certaines des décisions concrètes découlant de la stratégie proposée.


À n'en pas douter, il s’agit là d’un défi et d’un test en grandeur nature pour la diplomatie de l'Union. Dans ce cas particulier, au vu de la gravité immédiate des enjeux, tout échec ou report de la part du Conseil européen constituerait un nouvel et déterminant exemple de dysfonctionnement du système de gouvernance de l’UE en la matière.


Echec dont les conséquences pour "le futur de l’Union” devraient, en toute hypothèse, être tirées lors de la Conférence.



Jean-Guy Giraud 16 - 06 2021

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(2) notons ici - en passant - la fâcheuse confusion terminologique entre les termes de “politique étrangère et de sécurité commune” (art. 23 à 41 TUE) et de “politique de sécurité et de défense commune” (art. 42 à 46 TUE)des termes



(4) la 6ème réunion depuis Janvier 2021...

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