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L'UE ET LA QUESTION LGBTIQ - suite 1



Pour des raisons qu’il appartiendrait aux sociologues d’analyser et d’expliquer, la question des minorités “LGBTIQ" occupe depuis plusieurs mois une place importante non seulement dans les media mais aussi dans l’actualité politique - et notamment en Europe.


Un “marqueur” politique ?

Au sein de l’UE, elle est devenue une sorte de “marqueur” entre deux groupes d’Etats membres - favorables ou opposés à ce développement. À diverses occasions, on a pu constater que la coupure entre ces deux groupes correspond assez exactement à celle qui distingue les anciens des nouveaux Etats membres de l’Union. En effet, la quasi totalité des Etats membres issus de régimes communistes demeurent rétifs - voire carrément hostiles - à la promotion des droits de ces minorités sans pour autant, dans la plupart des cas, s’opposer à leur libre exercice individuel.


Le cas le plus récent concerne la “Budapest Pride” prévue pour le 24 Juillet 2021. Trente ambassades établies dans la capitale hongroise ont pris l’initiative inusitée de signer une déclaration commune (1) en faveur de cette manifestation à laquelle on sait que le Gouvernement hongrois et une partie de l’opinion ne sont guère favorables.


Parmi les signataires, on retrouve tous les 17 ambassadeurs des anciens Etats membres auxquels se sont joints ceux des 3 Etats baltes.


Les 7 Etats non-signataires sont, outre la Hongrie ("pays hôte” ) : la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovénie et la Croatie.


Le cas de la Hongrie

Pour ce qui concerne plus particulièrement la Hongrie, on sait que la question LGTBIQ s’est transformée en un véritable conflit de nature politique entre ce pays et les Institutions de l’UE. Au point que le gouvernement en place a décidé de convoquer un referendum sur le sujet (centré sur l’éducation des jeunes) afin, semble-t-il, de prendre à témoin l’ensemble de l’opinion sur les “pressions" exercées par Bruxelles en ce domaine.


Bien entendu, le conflit UE/Hongrie est beaucoup plus large et concerne des problèmes d’une autre nature et gravité tels que l’état de droit, la liberté de la presse et la corruption. Mais il se trouve que la question LGTBQI étant beaucoup plus médiatisée, c’est elle qui retient le plus l’attention de l’opinion. Opinion qui, en Hongrie comme dans les autres EM concernés, peine à comprendre les raisons d’une telle “campagne”, très éloignée de ses préoccupations immédiates et de ses référents culturels, moraux ou religieux.


Un risque pour l’unité de l'UE

Dès lors, on peut s’interroger sur l’opportunité pour l’UE de mettre en exergue - et de s’exposer sur - cette question qui, au surplus, se trouve assez éloignée de ses compétences et de son coeur de métier (2). La vaste entreprise de "mise à niveau" des Etats concernés - dans bien d’autres domaines plus directement liés à l’activité générale de l’Union (y compris en matière de droits fondamentaux) - risque d’en être compromise si les opinions publiques sont focalisées sur une question aussi contestée et, finalement, marginale au regard de l’ensemble de la population.

Ceci dit, il est important de réaliser que le débat actuel sur les notions mêmes de sexe, de genre - voire de famille - a pris une dimension sans précédent dans le monde occidental notamment - mais pas exclusivement - du fait de la médiatisation provoquée par ses promoteurs. Ce débat est donc fondé même si ses conséquences éventuelles sur l’ordre sociétal n’apparaissent pas encore clairement. Toute entreprise de répression ou d’occultation de ce débat serait à la fois illégitime, inopportune et d’ailleurs contraire au principe fondamental de liberté d’expression.


Simplement, au niveau d’une organisation telle que l’UE, il serait prudent d’éviter d’en faire un ferment de division alors que tant d’autres problèmes internes de grande ampleur requièrent toute son énergie.

Au total, la sagesse recommanderait peut-être que les responsables politiques nationaux et européens - de part et d’autre - examinent en toute responsabilité et avec pondération les mesures pratiques susceptibles de concilier les droits individuels et le consensus social tout en tenant compte de contextes culturels et historiques spécifiques.



Jean-Guy Giraud 23 - 07 - 2021


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