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  • 2 sept.
  • 2 min de lecture
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À l’occasion de l’ouverture du « Bled Strategic Forum » ce 1 septembre 2025, le Président du Conseil européen a prononcé un discours de caractère général sur la situation de l’UE dans le monde et sur le processus d’élargissement (1)

 

Ce discours de M.Antonio Costa (dont la place et le rôle effectifs parmi les hauts dirigeants européens demeurent incertains) est soigneusement cadré sur la « doxa »  officielle institutionnelle et, à ce titre, irréprochable. 

 

Mais il illustre aussi - dans sa forme - un mode d’expression très formaté de plus en plus omniprésent dans ce type de déclarations et caractérisé par l’utilisation quasi-systématique de « mots-valises » empruntés au langage anglophone, surtout américain. 

 

Chacun de ces mots est supposé faire référence à des concepts pré-déterminés et communément avalisés dans le milieu concerné. Si bien que le raisonnement sous-jacent est ponctué de ces termes et rebondit de l’un à l’autre au fil du discours, affaiblissant de facto la clarté et la précision du discours. 

 

Souvent, l’utilisation de ces mots permet de faire l’économie d’une pensée ou d’un raisonnement plus spécifiques et plus détaillés, rendant ainsi l’ensemble du discours plus abstrait - mais aussi moins percutant et finalement moins significatif. 

 

Pour les orateurs non anglophones, il veut donner l’illusion d’une familiarité avec une culture dominante et « brevetée » - dérivée de la science politique américaine telle que récupérée par le discours officiel des responsables d’outre-atlantique. 

 

Dans l’intervention pré-citée on peut relever un nombre particulièrement élevé de ces mots ou expressions « valises » :

 

  • « think strategically, challenge assumptions and shape the future » 

  • « tectonic plates of global order »   

  • « the broader picture »

  • « an existential concern » 

  • « diplomacy should never be mistaken for complacency » 

  • « geopolitical naiveté » 

  • « increase predictability and resilience » 

  • « positive momentum on enlargement » 

  • « adopting a new cultural mindset » 

 

Etc …

 

De fait, la langue anglaise est devenue la langue quasi-officielle de l’UE, entrainant ainsi inévitablement une utilisation et une avalisation implicites des concepts sous-jacents forgés par les locuteurs natifs, principalement américains. Mais aussi neutralisant, affadissant, généralisant la portée du discours et du message - gommant d’éventuelles aspérités et décourageant le débat voire la polémique. Ce faisant, ce mode d’expression (le bien nommé « eurospeak ») finit par lasser et détourner un public plus large auquel il est pourtant censé s’adresser. Les « speechwriters » des dirigeants européens en sont évidemment les premiers responsables. 

 

(À noter, au passage, que cette influence lexicale et conceptuelle se retrouve dans bien d’autres domaines et avec de plus graves effets - par exemple en matière économique) 

 

 

Il est piquant de constater que l’une des personnalités visées par le discours de M. Costa - le Président Trump - utilise pour sa part un tout autre langage beaucoup plus direct et concret, centré sur des notions simples (« les bons et les méchants »). Avec, semble-t-il, un certain succès d’audience !

 

Entre un discours populiste et un discours élitiste, il existe sans doute un juste milieu… pardon « a right balance ». .

 

 

Jean-Guy Giraud

01 - 09 - 2025 

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