Comme chaque année, Transparency International (TI) publie son classement des "niveaux de perception de la corruption du secteur public selon les experts et les milieux d’affaires”.
Si les notions de “perception” et de “corruption” peuvent être sujets à débat, l’intérêt de cette étude réside dans la comparaison entre les États qu’elle permet d’établir, dans l’évolution du classement au fil des ans - ainsi que dans l’effet qu’elle peut produire sur l’opinion et les dirigeants des États concernés.
D’autre part, TI estime que la corruption (du secteur public) contribue à “l’affaiblissement des institutions démocratiques” et, corrélativement, à"la montée des populismes".
Sans entrer dans le détail ni dans les commentaires présentés par TI, on peut en extraire les remarques générales suivantes :
l’UE dans son ensemble obtient - et de loin - le meilleur score (66/100) parmi les différentes régions du globe, (si les USA obtiennent 71/100, la Chine tombe à 39/100 et la Russie à ... 28/100)
douze États membres ont un score supérieur à la moyenne européenne (66/100), (parmi ces 12 États, onze sont des États pré-élargissement - le douzième étant l’Estonie) (la France se classe la dernière du groupe avec 72/100)
seize États membres ont un score inférieur à la moyenne européenne (66/100), (parmi ces seize États, onze sont des États post-élargissement - le dernier du groupe étant la Bulgarie) (le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la Grèce figurent également dans ce groupe - la Grèce obtenant l’avant-dernière place dans l’UE)
parmi les États membres “à surveiller” suite à une détérioration récente de leur situation, TI relève les cas de la Hongrie, de Malte et de la République tchèque.
Les différents moyens de prévention et de sanction de la "corruption du secteur public” dans l’UE relèvent principalement de la compétence des autorités nationales. Toutefois les Institutions disposent de quelques moyens d’action indirects par exemple à travers les outils de protection des finances publiques européennes, la politique de concurrence ou la protection des lanceurs d’alerte (1).
Il demeure que c’est sans doute surtout à travers la sensibilisation de l’opinion et l’identification publique (“name and shame”) de certains pratiques nationales que des rapports tels que celui de TI peuvent s’avérer utiles.
Jean-Guy Giraud 04 - 02 - 2019
(1) à noter que les Institutions elles mêmes font très exceptionnellement l’objet de critiques en la matière.