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"SORTIR DE LA CRISE PAR LE HAUT"



Le débat et la campagne pour les élections européennes de Mai 2019 s’annoncent - en France - sous des auspices très particuliers :

  • la crise politique et sociale que traverse le pays influencera considérablement ces élections,

  • le climat général de "morosité européenne”, présent dans la quasi-totalité des États membres, jouera aussi en France un rôle négatif.

Le risque d’un détournement du vote européen ...

Déjà, les partis politiques d’opposition (modérés comme extrêmes) apparaissent bien décidés à orienter le scrutin vers une remise en cause du pouvoir en place et notamment du Président lui-même.

Leur intention semble être de centrer le débat sur des problèmes nationaux, plus particulièrement sur ceux soulevés lors des manifestations populaires de Novembre/Décembre 2018.

Les questions européennes, largement ignorées des manifestants, passeront ainsi au second plan.

On pourrait donc assister à un débat et un scrutin franco-français par Europe interposée, une sorte d’ “élection intermédiaire” entre les élections présidentielles/législatives de 2017 et celles (municipales) de 2020.

Dans les circonstances actuelles, ce scrutin risque de se solder par un affaiblissement plus ou moins important du Président et de sa majorité. Par voie de conséquence, leur orientation délibérément pro-européenne s'en trouvera indirectement affectée.

… et ses possibles conséquences

Au niveau européen (qui est ici notre principal point de vue), on peut craindre les effets suivants :

  • la composition de la délégation française au sein du PE pourrait devenir majoritairement euro-sceptique,

  • cette délégation pourrait se retrouver, plus encore qu’à l’heure actuelle, dispersée et fractionnée par l’émergence d’un plus grand nombre d’élus de petites listes franchissant la barre des 5%,

  • un plus grand nombre d’élus “de circonstance” se retrouveraient ainsi investis d’un mandat européen pour lequel ils seraient mal préparés et peu motivés,

  • globalement, le rôle et l’influence de la France dans l’UE se trouveraient - pour cinq années - affaiblis par un vote à la fois “nationalisé” et remettant en cause le nouvel engagement européen du pays tel qu'annoncé en 2016.

La crise actuelle est de nature domestique ...

Dès lors, quelle marge de manoeuvre reste-t-il au Président/Gouvernement pour tenter de limiter les dégâts ?

Le Président s’est d’ores et déjà engagé à organiser dans les prochaines semaines une sorte de débat national sur les questions soulevées lors de la crise.

Il semble aussi disposé à tenter de placer (au moins certaines de) ces questions dans le contexte européen cad celui des élections de Mai.

Mission difficile dans la mesure où la plupart des problèmes soulevés par les manifestants sont effectivement de caractère domestique. La liste en est longue et confuse mais on peut citer dans le désordre : pouvoir d’achat, pression fiscale, disparité des revenus, élitisme, centralisme, complexité administrative, mise en cause des partis et des syndicats, demande de démocratie directe (referendum), …

… mais le lien avec l’Europe peut être tenté ...

Le principal lien qui pourrait être établi avec le "système européen” est hélas peu perceptible par l’opinion : le développement économique (et donc le pouvoir d’achat) national est indissociable du contexte européen. L’ensemble des secteurs économiques français sont étroitement dépendants du marché européen et de sa régulation, de sa monnaie unique et des principales politiques communes. D’autre part, à un niveau encore plus abstrait, la sécurité et la souveraineté effectives du pays dépendent de l’unité et de la solidarité au sein du bloc européen. ...

Plus concrètement, il doit être possible de démontrer l’appui et la protection que l’Europe peut apporter aux français dans leur vie quotidienne dans quatre ou cinq grands domaines qui recoupent au moins partiellement les “doléances” exprimées lors de la crise. Des exemples précis peuvent être trouvés notamment en matière d’énergie, d’environnement, de concurrence internationale, de promotion de nouvelles technologies, de législation sociale, etc … (1).

… à condition de mettre en oeuvre de nouveaux moyens de communication

Cet exercice pourrait s’appuyer utilement sur l’expérience des “consultations citoyennes” (2) - mais, pour vraiment parvenir à intéresser et convaincre l’opinion, il parait indispensable de trouver un mode de communication plus ambitieux, plus moderne, plus médiatique, plus original. Ce qui n’a encore jamais été vraiment tenté par les pouvoirs publics - soit par négligence soit par souci exagéré de “neutralité” politique.

À l’heure ou sont écrites ces lignes - et à moins de cinq mois des élections européennes - le conflit social national ne s’est pas (encore) apaisé. La tentation pour l’opposition de "régler ses comptes” dans les urnes européennes - aussi absurde et irresponsable qu’elle soit - demeure forte. Essayer d’expliquer que l’extension d’un conflit domestique dans le champ européen ne ferait qu’aggraver les problèmes est une entreprise difficile mais indispensable.

Ni la France ni l’Europe ne peuvent se permettre un tel détournement du scrutin qui handicaperait gravement l’une et l’autre pour les cinq prochaines années. Il s’agit donc de faire preuve à la fois de courage et de détermination politiques - mais aussi d’innovation et de créativité dans l’art de convaincre l’opinion. Dans les circonstances présentes, l’expression “Sortir d’une crise par le haut” semble être particulièrement d’actualité.

Jean-Guy Giraud 05 - 01 - 2019

(1) voir à cet égard l’excellent argumentaire développé sur le site https://www.touteleurope.eu/actualite/europe-tous-les-themes.html


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