“STOP BREXIT” : Tony Blair poursuit activement sa campagne politique et d’opinion contre la décision du Brexit.
Dans un récent article publié sur le site de sa fondation “Institute for Global Change" (1), il considère que :
“What we know now” des probables conséquences néfastes du Brexit autorise le peuple anglais à “changer d’avis”,
une nouvelle décision pourrait être prise par un nouveau vote du parlement, de nouvelles élections ou un nouveau referendum,
aucune des trois options à présent sur la table des négociations (rester dans le marché unique/ obtenir un statut sur mesure/ sortir entièrement de l’UE sans accord) n’est possible ou acceptable,
le Labour devrait laisser au présent gouvernement Tory l’entière responsabilité d’un (inévitablement mauvais) accord : “Make Brexit the Tory Brexit”,
il devrait en même temps expliquer à l’opinion que le Brexit n’est pas - et n’a jamais été - la bonne réponse,
il pourrait alors engager un dialogue avec les dirigeants européens sur la réforme de l’UE - ceux-ci étant à présent conscients des dommages politiques et économiques que causerait à l’Europe la mise en oeuvre effective du Brexit.
De fait, les plus récents sondages d’opinion semblent indiquer qu’une partie croissante de l’opinion britannique (à présent près de la moitié) serait opposée au Brexit et favorable à un nouveau referendum sur la question.
D’autre part, le retrait de la demande de Brexit ne semble pas se heurter à d’insurmontables obstacles juridiques ou constitutionnels du côté de l’UE ou du RU.
Toutefois, de sérieuses difficultés se présenteraient :
ce retrait devrait avoir lieu avant la date officielle de sortie fixée au 30 Mars 2019 (sauf prorogation du délai de deux ans par le Conseil européen),
à cette date, aucun accord sur les relations futures UE/UK n'aura été signé, si bien que le nouveau referendum (ou le nouveau vote du Parlement ou les nouvelles élections) ne pourrait pas porter sur un choix clair entre deux décisions - mais seulement sur les conséquences dommageables éventuelles du Brexit, plus précises qu’au moment du premier referendum,
il faudrait soutenir la thèse selon laquelle que le premier referendum ne portait que sur l’enclenchement de la procédure de sortie et non pas sur la décision de sortie elle-même indissociable des conditions de cette sortie,
il est peu probable que le Labour (avec ses leaders actuels) - mène une campagne en faveur du retrait de la demande de Brexit et aucune personnalité politique de premier plan (hormis M. Blair ?) ne semble pouvoir prendre la tête d’une telle campagne.
Les partisans du retrait de la demande revendiquent pour les citoyens britanniques “the right to pull back from the abyss”, abîme dont la profondeur ne s’est révélée que postérieurement au referendum (voir note ci-dessous) . Un argument du même type a pu être utilisé dans d’autres situations et dans d’autres États membres : le deuxième referendum (ou le nouveau vote du parlement ) avait infirmé le premier.
Au total, l’éventualité d’un retour en arrière sur le Brexit ne devrait pas être exclue. Mais cette possibilité ne pourrait véritablement s’ouvrir que dans l’hypothèse où la date fatidique du 30 Mars 2017 serait repoussée d’au moins deux ans - laissant ainsi plus de temps à l’opinion et aux partis politiques britanniques pour l’envisager plus sérieusement.
La solution idéale serait évidemment de permettre au peuple britannique de se prononcer sur le projet d’accord final lui-même, après sa signature mais avant sa ratification. Mais un éventuel rejet de ce projet d'accord plongerait les relations UE/UK dans un vide/cahos juridique et économique considérable : sorti effectivement de l’UE à cette date (du fait des termes mêmes de l’article 50 TUE), le RU serait devenu un État tiers totalement coupé du “continent”. Situation dont il ne pourrait sortir (péniblement) que par une renégociation dudit projet d’accord ou par … une demande de ré-adhésion à l’UE.
Quadrature du cercle ? Certes, mais il ne faut sous-estimer ni le talent et l’imagination des négociateurs - ni l’influence des “évènements” par nature imprévisibles.
Jean-Guy Giraud 04 - 01 - 2018