La controverse - assez artificielle - apparue au sein du PE sur l’intitulé du portefeuille du commissaire Schinas (“protection du mode de vie européen”) aura eu au moins un mérite : celui de donner l’occasion à la Présidente von der Leyen d’insister sur la nécessité de protéger les valeurs européennes telles que rappelées par l’article 2 du traité (1):
« L'Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d'égalité, de l'État de droit, ainsi que de respect des droits de l'homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l'égalité entre les femmes et les hommes. »
Dire que l’Union est fondée sur ces valeurs signifie que - si elles venaient à être contestées, affaiblies ou violées - c’est l’existence même de l’Union qui serait menacée.
Or on sait que, dans son environnement international, l’UE fait plutôt figure d’exception sur ce plan. La plupart des États ou des régimes - plus ou moins puissants, proches ou lointains - avec lesquels l’Europe doit entretenir des relations diplomatiques et économiques ne reconnaissent ni ne respectent ces valeurs telles que définies et précisément codifiées par l’Union. Celle ci apparait en fait, de ce point de vue, comme un ilot - voire une forteresse - en position défensive face à des influences hostiles.
On sait aussi que ces influences existent à l’intérieur même de l’Union et affaiblissent son unité et sa solidarité. Et qu’elle doit mener contre elles un combat quotidien, source de tensions et de problèmes constants.
Créée précisément pour s’opposer au retour de régimes totalitaires fauteurs de “divisions sanglantes”, la CECA/CEE a longtemps vécu dans l’illusion que de tels déboires étaient désormais relégués dans l’histoire et que le respect de ces valeurs était durablement assuré. L’UE doit aujourd’hui constater que tel n’est pas le cas et qu’elle demeure confrontée - dans ses relations internationales comme dans son fonctionnement interne - à la mise en cause ou à la négation de valeurs/principes tels que la démocratie, l’Etat de droit, les droits fondamentaux …
Alors qu’elle n’était pas conçue à l’origine comme une des tâches spécifiques de l’UE, la défense des valeurs est progressivement devenue une de ses principales responsabilités. Les Institutions ont été chargées de l’assumer, en premier lieu la Commission dans son rôle d’initiateur et d’exécutant.
Il serait paradoxal que - sans doute par maladresse - une remise en cause de cette mission émane du Parlement qui a toujours été un participant exigeant à cette défense.
Jean-Guy Giraud 22 - 09 - 2019
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