LE CONSEIL (EUROPÉEN) FACE AUX "DERNIERS DÉVELOPPEMENTS AU MOYEN ORIENT"
- giraudjeanbaptiste0
- 24 juin
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Le Conseil Affaires Etrangères se réunit ce lundi 23 Juin 2024.
Parmi les questions à l’ordre du jour - tel que proposé par la Présidente du Conseil, Mme Kaja Kallas - figure le point suivant :
« Situation in the Middle East and Libya
The Council will discuss the latest developments in the Middle East following Israeli strikes on Iran and Iran's response. The discussion will also touch on the crisis in Gaza and Libya. »
Derrière cet intitulé presqu’anodin et routinier, c’est en fait une « situation » d’une extrême gravité humanitaire et stratégique que devra affronter la diplomatie européenne : quelles mesures prendre pour inciter Israel à arrêter les massacres de civils palestiniens et à stopper son offensive militaire de grande ampleur contre l’Iran ?
Le sort de l’accord d’association UE-Israël
Concrètement, le Conseil devrait d’abord trancher une question simple : l’UE peut-elle, dans ces conditions, maintenir un accord d’association avec Israel ? Le Conseil a finalement été saisi par sa Présidente - après de longues hésitations (1) - d’un rapport établissant clairement que les agissements d’israël ne sont pas compatibles avec les engagements pris par cet État vis à vis de l’UE. Dès lors, la dénonciation - ou du moins la suspension - de l’accord semble s’imposer tant pour des raisons politiques que juridiques. D’autre part, l’éventualité de sanctions de caractère général ou personnel pourrait aussi être examinée - conformément à la politique suivie par l’UE vis à vis d’autres États tiers dans des cas analogues.
On sait que, pour des raisons distinctes du double conflit en cours, certains gouvernements des États membres de l’UE s’opposent systématiquement à toutes mesures susceptibles d’être considérées comme hostiles par le gouvernement israélien. Cependant, la gravité et la dangerosité de la situation est elle qu’une majorité d’entre eux seraient prêts à réagir.
Des risques majeurs pour l'UE
De fait, le Conseil se trouve à présent confronté à plusieurs risques majeurs :
la dégradation et l’extension du conflit constituent un danger immédiat pour les intérêts stratégiques et économiques de l’Union,
son incapacité à prendre clairement position affaiblissent sa position et son rôle en tant que « puissance » internationale,
son absence de réaction face à des violations caractérisées du droit international, notamment humanitaire, minent les bases mêmes sur lesquelles se fonde l’Union.
D’autre part - sur le plan institutionnel interne - l’indécision non seulement du Conseil mais aussi du Parlement (2) et de la Commission jettent un doute sur la crédibilité de la « politique étrangère » européenne. À cet égard, la capacité de la Haute Représentante de l’Union à exercer le rôle fixé par les traités (« élaboration et conduite de la politique étrangère et de sécurité » art. 27 TUE) pourrait être mise en cause.
En conséquence, on assiste à des initiatives plus ou moins coordonnées de certaines diplomaties nationales selon des formats divers et changeants - susceptibles d’ailleurs de varier en fonction des calendriers électoraux nationaux.
Renvoi au Conseil européen ?
On attend donc avec intérêt - sinon inquiétude - les (très) éventuelles décisions du Conseil Affaires Étrangères du 23 Juin 2025. Avec la crainte que la question ne soit une fois de plus renvoyée au Conseil Européen qui se réunira quelques jours après, les 26 et 27 Juin. Et avec le risque que l’absence probable d’unanimité ne l’empêche également de prendre position.
Curieuse et fâcheuse situation en définitive où, face à une crise humanitaire et stratégique majeure, la réaction des deux principales puissances occidentales - américaine et européenne - se trouve liée d’une part à l’imprévisible décision d’un Président atypique et d’autre part à la prévisible indécision d’Institutions paralysées.
Jean-Guy Giraud
21 - 06 - 2025
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(1) voir : https://www.lesamisdutraitedelisbonne.com/post/palestine-une-tache-indélébile-sur-l-union-européenne
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