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"L'EUROPE VA SE PASSER DE LA GRANDE BRETAGNE MAIS POURRAIT INTÉGRER L’ALBANIE"



En dépit des fortes pressions exercées par une large majorité d’États membres, par la Commission et par le Parlement européen (1) - la France semble avoir confirmé sa position négative sur l’ouverture officielle de négociations d’adhésion avec l’Albanie et la Macédoine du Nord. (2)


Il est dommage que la position française - précisément parce qu'elle se trouve très isolée - n’ait pas fait l’objet d’explications/justifications publiques plus précises de la part du Gouvernement.


On croit tout de même savoir (3) que les principales raisons ont trait :

  1. au processus de préparation de ces négociations qui serait "trop juridique, trop bureaucratique, sans visibilité pour les populations concernées”,

  2. au fait que la situation interne de ces États ne satisferait pas véritablement aux critères exigés par l’UE, notamment dans les domaines de la démocratie, de l’état de droit, des droits de l’homme (notamment droits des minorités), ... 

  3. à la nécessité d’"une réforme et d’un approfondissement politique préalables de l’UE

Sur le premier point du processus des négociations d’adhésion, nous avons souvent ici soutenu que le mécanisme extrêmement complexe et détaillé géré par la Commission (les fameux "36 chapitres”) avait un caractère exclusivement juridique et administratif - en quelque sorte théorique et illusoire, s’attachant essentiellement à l’adoption ou à la modification de textes, sans véritable impact sur la politique réellement menée par les dirigeants ni sur les pratiques tolérées par ceux-ci. On a ainsi pu parler d’une “machine à élargir” fonctionnant “hors sol” et sans réel impact sur le terrain.


Sur le deuxième point, il est patent que peu de progrès réels ont été jusqu’ici réalisés en matière de respect des "valeurs européennes” de base - sinon sur le papier. Tant les processus électoraux que la pratique parlementaire ou le fonctionnement des partis politiques restent en deçà des standards européens. Les pratiques de corruption demeurent étendues et peu contrôlées - y compris dans la classe dirigeante. Les relations avec les pays voisins demeurent tendues voire hostiles. À l’intérieur, les problèmes de rivalités entre citoyens d’origines et de minorités diverses sont loin d’être réglés.


Sur le troisième point - celui de la capacité d’intégration/absorption de nouveaux membres par l’Union - le silence des dirigeants européens est préoccupant. La Commission ne traite pas vraiment cette question qui ne serait pas dans son mandat et qui poserait effectivement le lourd problème d’une réforme/renforcement préalables de l’Union - impliquant sans doute une révision des traités. Personne ne souhaite véritablement, dans l’état actuel de l’UE, ouvrir un dossier aussi sensible.


Et on pourrait ajouter un quatrième point : qui se préoccupe de l’opinion des principaux intéressés, en l’occurrence des citoyens des États membres comme des États candidats ? Ces derniers sont largement ignorants du processus en cours - ce qui ne laisse guère présager d’un quelconque engagement de leur part envers l’Union. Les premiers sont plus conscients des effets négatifs de trop nombreux élargissements sur la cohésion et la solidarité internes d’une Europe aux frontières ainsi distendues.


Personne ne s’aventure non plus, à l’occasion des débats sur de nouvelles adhésions, à s’interroger ouvertement sur le bilan du grand élargissement de 2004/2006. La situation actuelle au sein des nouveaux États membres - comme leur attitude vis à vis de l’Union - pourrait pourtant servir de leçon pour la poursuite du processus. États qui sont d’ailleurs souvent les plus ardents partisans de cette poursuite.


Comme le relève la presse, le Conseil européen en cours devra “faire passer dans l’opinion l’idée que l’Europe va se passer de la Grande Bretagne mais pourrait intégrer l’Albanie” … Voilà qui va effectivement contribuer à améliorer l’image de l’UE dans l’opinion.



Jean-Guy Giraud  17 - 10 - 2019  

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