A la veille des auditions des commissaires européens désignés par les commissions compétentes du Parlement européen, les sites spécialisés relèvent une inquiétante agitation dans la sphère des groupes politiques récemment reconstitués à la suite des élections de Juin 2024.
Plutôt que de vérifier « l’indépendance, la compétence et l’engagement européen » des impétrants, il semble que ces groupes soient principalement motivés par le désir de soutenir « leurs » candidats, si nécessaire au détriment des autres.
Le dernier épisode (au 8 sept. 2024) des empoignades en cours est ansi relaté par le site Politico-Bruxelles :
"NEW COMMISSION
COMMITTEE CHIEFS SPLIT ON CONFIRMATION TIMING: Lawmakers need to make up their minds about one big question before pinning down the exact calendar for commissioner-designate confirmation hearings. Do they grill (and vote on) the executive vice presidents first or last?
There was no clear favorite among committee chairs on Tuesday — meaning it’ll be up to a vote when the Parliament’s Conference of Presidents meets on Thursday. The groups appear to be split on preferred timing: The EPP, Renew and ECR want to wrap up the basic commissioners’ hearings before moving on to the EVPs. S&D, the second-largest group, prefers getting the heavy-hitters out of the way — but it appears outnumbered even with the backing of groups to its left.
What difference does it make? It’s all about trust … or lack thereof. For the Socialists, the imperative to move Ribera through the process, despite the EPP’s misgivings about her climate-heavy portfolio, is the top priority. Other groups may prefer to hold onto the EVPs as leverage: MEPs will have to think about potential consequences down the line if they sink the nomination of a lower-ranking commissioner. The EPP, for example, has 14 to protect. "
Dans cet inquiétant contexte, nous renvoyons ici à deux précédentes notes sur le sujet intitulées :
Ces aperçus des coulisses du PE tendent à montrer une certaine confusion entre les notions d’ « Europe politique » et d’ « Europe politicienne ». La première est légitime et doit être encouragée. La seconde est une dérive susceptible de nuire à la première.
En Juin 2024, les électeurs européens ont eu la sagesse collective de maintenir au sein du PE une majorité pro-européenne, face notamment à l’émergence d’une (extrême) droite eurosceptique de plus en plus fortement représentée dans les parlements nationaux.
Dans la période critique qu’elle traverse, l’Europe ne peut guère se payer le luxe d’une « crise politique » interne comme c’est hélas le cas dans plusieurs États membres. Les citoyens-électeurs européens ont confusément le sentiment que l’UE leur apporte - au delà des États - une garantie supérieure d’ordre, de stabilité, de sécurité et de défense de leurs intérêts. Ce n’est certainement pas le moment de les décevoir.
En réalité, il est probable que, passé le stade agité de sa mise en place, la nouvelle Commission - avec l’appui de son administration permanente - voudront plutôt s’atteler avec détermination et compétence aux multiples dossiers en cours - et ce, sans se laisser exagérément troubler par des considérations idéologiques abstraites ou des disputes politiciennes marginales. Le véritable défi sera de maintenir l’union et l’unité d’action de 27 gouvernements en dépit de la succession de majorités plus ou moins stables et coopératives. En tout cas, c’est ainsi que l’ont entendu et conçu les auteurs des Traités depuis l’origine et l’on voit mal quel modèle alternatif pourrait être utilement proposé.
Jean-Guy Giraud 09 - 10 - 2024
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