Dans un article inhabituellement polémique (publié dans le Financial Times et repris en boucle par la presse internationale) - le Gouverneur de la Banque Centrale de Hongrie, M. Gyorgy Matolcsy, considère que la création de l’Euro fut une erreur et un piège - et il incite les États membres de l’Eurozone à la quitter.
Venant de la part d’un membre en fonction du Conseil général de la BCE, une telle déclaration publique est, en elle même, inusitée.
D’autre part, les termes utilisés sont provocateurs et caricaturaux : la création de l’Euro aurait été "un piège” politique dressé par la France à l’Allemagne, motivé par une menace soviétique illusoire et un défi futile vis à vis des États Unis. S’appuyant sur une analyse d’un think tank britannique eurosceptique (“Center for European Policy”), il estime que l’Euro est un échec économique et un piège pour “presque tous ses membres”.
La conclusion tirée par l’auteur est d’une extrême gravité : “les États membres de l’Eurozone devaient être autorisés à la quitter” et le Traité de Maastricht devrait être révisé à l’occasion de son trentième anniversaire en 1922.
De telles déclarations ouvertement eurosceptiques sont fréquentes de la part de certains dirigeants politiques, notamment du Gouvernement hongrois en place. Mais on doit s’attendre à plus de réserve de la part du Gouverneur d’une Banque centrale faisant partie du "Système Européen des Banques Centrales”(1).
M. Matolcsy - nommé par le premier Ministre Orban - est certes un personnage controversé. Mais, dans sa position actuelle, de tels propos sont inacceptables et irresponsables. Si ceux-ci ne sont pas désavoués par le Gouvernement hongrois, ils devront être interprétés comme une attaque et tentative de déstabilisation, d’une particulière gravité, de ce Gouvernement contre l’UE - franchissant ainsi une nouvelle étape dans sa dé-solidarisation de l’ensemble du système et du projet européens.
JGG 06/11/19
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