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CONFÉRENCE SUR L'AVENIR DE L’UNION : IMPASSE SUR L’ÉLARGISSEMENT ?


Et l’élargissement ? Il est étonnant que cette question ne figure pas - explicitement - parmi les 9 grands sujets (1) de débat proposés aux citoyens européens à l’occasion de la Conférence sur l’avenir de l’Union. En effet, le sujet de l’évolution des frontières de l’UE d’ici 2030/35 n’a rien de théorique : six nouveaux Etats sont actuellement candidats (le “reste” des Etats balkaniques) et trois autres pourraient le devenir (ceux du partenariat oriental : Ukraine, Biélorussie et Moldavie). L’Union du “futur" pourrait ainsi passer de 27 à 36 Etats membres avec toutes les conséquences potentielles sur le plan politique, économique, budgétaire, institutionnel, sociétal … L’expérience du grand élargissement vers l’Est de 2004/2007 a montré que, presque vingt ans après, l’adhésion des 10 nouveaux Etats pose des problèmes que l’UE n’est toujours pas parvenue à surmonter. À un point tel que l’on a pu parler d’un double ”échec de l’élargissement”: une intégration difficile de ces Etats dans le modèle/système européens et un affaiblissement de l’unité et de la solidarité au sein de cet ensemble. L’opinion publique, bien consciente de cette situation, en est largement perturbée et s’interroge sur la possibilité d’y remédier. La perspective d’un nouvel élargissement à un tel “paquet” d'Etats - encore moins bien préparés à l’adhésion que ceux du “paquet” précédent - ne fait qu’accroitre ces craintes et amener l’opinion à se détacher/désolidariser d’un projet européen dont elle ne distingue plus les tenants et les aboutissants. Dès lors, comment les organisateurs de la Conférence ont-ils pu faire l’impasse sur cette question? Comment peut-on passer sous silence la question des futures frontières de l’Europe et de la viabilité d’une UE35 s’étendant de Lisbonne à Kiev ? Sans doute a-t-on estimé, en haut lieu, que l’affaire était trop délicate - et peut-être trop polémique - pour être exposée sur la place publique. Qu’un impératif catégorique de nature géopolitique l’emportait sur toute autre considération - fut-ce au prix d’une dénaturation du projet européen poursuivi jusqu’ici. Que la résistance aux hégémonies russe et turque, la stabilisation politique et démocratique régionale, le développement du marché intérieur, etc .. imposaient, coûte que coûte, une poursuite du processus - de la “stratégie” - d’élargissement. Cette argumentation a tout son poids et peut être défendue - à condition de démontrer qu’elle ne met pas en péril la notion même d'Europe unie et que les réformes nécessaires pour maintenir cette unité soient précisées et programmées. On le voit : un beau sujet de débat qu’il serait dommage, voire irresponsable, de passer sous silence lors d’une grande Conférence publique sur l’ ”avenir de l’Union”. Jean-Guy Giraud 26 - 04 - 2021 __________________________ (1) voir : https://futureu.europa.eu

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