Le 2 mai 2019, à Florence, l’Institut Universitaire Européen a organisé un débat entre les dirigeants des principaux groupes politiques européens.
Seuls les leaders des quatre grands groupes pro-européens ont accepté d’y participer :
- le PPE avec Manfred Weber
- le PSE avec Frans Timmermans
- les Libéraux avec Guy Verhofstadt
- les Verts avec Ska Keller.
Nous laissons les lecteurs découvrir la video de ce débat à https://www.youtube.com/watch?v=3SH2jAEU8Jc (1)
Quelques remarques (hélas critiques) au sujet d’une rencontre particulièrement importante puisqu’elle fournit des informations sur les positions des seuls groupes politiques/leaders susceptibles de faire avancer positivement le projet européen dans les 5 prochaines années :
ce débat, organisé à un niveau véritablement supra-national, sera probablement le seul de son genre dans toute la campagne électorale,
il s’est déroulé devant un auditoire très réduit de seuls spécialistes et sympathisants,
il n’a été repris par aucun grand media national à l’exception du …Financial Times, co-organisateur de l’évènement,
aucune personnalité française n’y a participé.
Comme le relate un article d’Euractiv (2), les débats ont surtout porté sur le rôle institutionnel du PE. Les quatre participants se sont globalement accordés sur les points suivants :
les pouvoirs respectifs de la Commission et du Parlement devraient être renforcés au détriment de ceux du Conseil,
un plus grand pouvoir d’initiative législative devrait être accordé au PE (3),
le budget de l’UE (dépenses et recettes) devrait être, en dernière instance, décidé par le PE plutôt que par le Conseil,
la procédure dite du Spitzenkandidat” devrait être respectée par le Conseil européen.
Selon les commentateurs, le vice-Président de la Commission et représentant du PSE, Franz Timmermans, s’est révélé “le plus solide” des orateurs - ceux-ci ayant privilégié le débat d’idées sur l’affrontement politique.
Cet exercice a démontré l’intérêt d’un tel échange d’idées - au-delà des campagnes nationales le plus souvent axées sur les questions domestiques et les rivalités partisanes. Mais il en a aussi monté les limites en l’absence d’une véritable implantation des partis européens dans le paysage politico-médiatique interne des États.
Par ailleurs, il est clair que l’attention de la presse et de l’opinion est plutôt attirée par les déclarations démagogiques, tonitruantes et parfois carrément injurieuses (4) des leaders des partis extrémistes et populistes anti-européens.
Dans ce domaine comme dans d’autres, on voit bien le reflet d’un décalage persistant voire croissant entre une étroite partie de l’opinion éduquée et informée et une forte majorité largement inconsciente des enjeux internationaux et notamment européens - enjeux pourtant décisifs sur son propre avenir.
Jean-Guy Giraud 03 - 05 - 2019
(1) le débat lui-même démarre à 11m 50s
(3) Manfred Weber s’est engagé - s’il est élu Président de la Commission - à accepter de façon “quasi-automatique” de reprendre toutes les propositions législatives du PE émises au titre de l’article 225 TFUE.
(4) cf. par exemple la référence de Marine le Pen à “l’UERSS”.