À la veille des élections européennes, l’UE se trouve dans une situation particulièrement difficile, tant sur le plan interne que dans son environnement international.
Il est inutile de détailler ici tous les facteurs de déstabilisation qui s’accumulent à l’horizon de ces deux points de vue.
Mais on peut en tirer une conclusion simple : le choix des futurs dirigeants de l’Union devrait avant tout tenir compte de la nécessité de préserver son unité et ses grands équilibres.
Ceci est particulièrement vrai pour la présidence de la Commission dont le rôle premier est de veiller à l’intérêt général européen - au-delà des clivages nationaux et politiques.
Le choix de ce futur Président devrait être basé sur trois principaux critères :
l’expérience : il s’agit de diriger une Institution lourde et complexe - chargée de tâches multiples dans les domaines les plus variés - placée entre deux autres puissantes Institutions (Conseil et Parlement) dont elle doit assurer la coopération ; il s’agit aussi de présider un collège nombreux et disparate sans faiblesse ni autoritarisme.
l’engagement et l’indépendance : la Commission - et en premier lieu son Président - sont au service du projet européen dont ils doivent promouvoir le développement avec détermination et fermeté, en tenant compte des réalités politiques mais sans rien abandonner des prérogatives et des responsabilités qui leur sont propres.
la confiance : tant les États membres et le Conseil que le Parlement européen doivent pouvoir être assurés de l’objectivité de la Commission, de sa capacité à tenir compte des intérêts de chacun, de procéder à de justes arbitrages, de faire face à des situations de tensions voire de crises - en somme de maintenir l’unité de l’ensemble contre vents et marées. Dans ces circonstances, la proximité et et les liens déjà tissés entre le futur Président de la Commission et les membres du Conseil européen - collectivement et individuellement - seront un précieux atout.
On laissera le lecteur libre de déterminer lequel des deux ou trois candidats pressentis semble le mieux correspondre à ce profil (1).
Il semble que, du moins dans certaines capitales, le choix du Président de la BCE doive être lié à celui de la Commission. On ne peut s’empêcher de penser que - mutatis mutandis - des critères comparables devraient être privilégiés. Expérience, engagement, confiance devraient aussi guider le choix du Conseil européen. La BCE devra elle aussi - dans le domaine qui est le sien - faire face à des problèmes internes à l’Union mais surtout à de très probables et très graves perturbations du système financier et monétaire international. Le difficile épisode de la gestion par la Banque de la crise post-2008 a bien illustré le rôle clé du Président sortant. Au delà de sa nationalité - et encore plus de son orientation politique - c’est donc sa personnalité qui devrait avant tout être prise en considération.
Plusieurs autres hauts dirigeants de l’UE devront être simultanément désignés dont le Président du Conseil européen et le Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères. De même un nouveau Président du Parlement européen devra être élu par ses pairs. Ce pourra être, plus que dans les deux cas précédents, l’occasion d’assurer une répartition aussi équitable que possible de ces postes entre les États (ou groupes d’États) membres.
Bien que la chose ne soit guère aisée, on peut espérer que ce choix des futurs principaux dirigeants de l’Union se fasse de façon aussi ordonnée et transparente que possible. Le respect et la confiance des citoyens européens - sollicités en amont pour choisir leurs représentants - en dépendront.
Jean-Guy Giraud 17 - 04 - 2019
(1) à titre d’illustration, on peut renvoyer le lecteur à une récente émission de l’excellente chaine de télévision Arte diffusée le 16 Avril 2019 : https://www.arte.tv/fr/videos/088900-001-A/entretien-avec-michel-barnier/