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BROUILLAGE ANNONCÉ DU VOTE DES FRANÇAIS AUX ÉLECTIONS EUROPÉENNES



Le vote stérile pour les “petites listes"

Selon les sondages les plus récents, environ 23% des intentions de vote des français pour les élections européennes se porteraient sur des “petites listes” cad des listes dont le score serait inférieur à 5%.

On sait que - en vertu des règles électorales applicables - les suffrages portés sur ces listes seront “stérilisés” cad qu’aucun des candidats de ces listes ne sera élu et que ces suffrages seront classés parmi les “restes” - lesquels seront reportés sur les “grandes listes” (1) cad celles dont le score sera supérieur à 5%.

Le résultat - paradoxal - sera que les électeurs concernés verront leurs voix bénéficier à d’autres listes pour lesquelles ils n’ont pas voulu voter …

Par exemple, les suffrages en faveur d’une petite liste d’"ultra gauche” (2) viendront abonder (partiellement) les suffrages exprimés en faveur d’une grande liste d’"ultra-droite"… Idem pour les transferts de suffrages d’une petite liste pro-européenne vers une grande liste anti-européenne …

Le vote utile pour les “grandes listes"

On peut imaginer que, si les électeurs favorables à une des petite listes étaient vraiment conscients de ce risque de “détournement” de leurs votes, ils se résigneraient sans doute à voter plutôt pour la grande liste la plus proche (ou la moins éloignée) de leurs préférences.

On aboutirait ainsi à des votes plus “utiles” et plus proches de (sinon conformes à) l’orientation politique des électeurs concernés.

Cette ré-orientation/concentration des votes sur les grandes listes aurait évidemment un effet sur le score de chacune de ces grandes listes. Si, par exemple, la plupart des électeurs favorables aux petites listes étaient plutôt d’ulta-droite, ce serait la grande liste de même tendance qui bénéficierait principalement de ce report de voix.

Mais, au total, le résultat serait plus “démocratique” car plus proche d’une représentation fidèle de la volonté populaire générale.

Pour effectuer une analyse plus fine de cet effet théorique de transfert, nous renvoyons les lecteurs au tableau de l’IFOP ci-annexé (3). On y voit, par exemple, que les neuf petites listes recueillent près de 23% des intentions de vote - dont environ 10% en faveur de 4 petites listes d’ultra-gauche (4) dont le transfert sur une grande liste risque de poser problème aux électeurs.

Le fractionnement persistant de la représentation française

Quelle que soit l’attitude des électeurs vis à vis des petites listes, il apparait malheureusement que la représentation française au PE (79 membres dans l’hypothèse Brexit) demeurera fractionnée en au moins cinq grandes listes qui rejoindront probablement cinq groupes politiques différents au sein du PE.

On sait que cette situation a déjà considérablement affaibli l’influence de la représentation française dans les précédentes législatures. Affaiblissement jusqu’ici en partie compensé par la présence de quelques députés engagés, actifs et expérimentés.

Souhaitons que figurent toujours de telles individualités au sein des grandes listes en cours de sélection dans les états majors des partis concernés.

Deux remarques supplémentaires

  • le nombre des petites listes serait sans doute fortement diminué si le seuil de remboursement des frais électoraux était porté de 3% à 5% des suffrages recueillis.

  • l’hypothèse (estimée par l’IFOP) d’une liste “Gilets Jaunes” pourrait brouiller le phénomène de transfert au détriment principal, semble-t-il, des deux grandes listes d’extrême gauche et droite.

On le voit, de quoi rendre perplexe l’électeur moyen, déjà peu motivé par le rendez-vous électoral européen qui en est pourtant à sa neuvième édition (5).

Mais l’on peut bien sûr compter sur le Gouvernement (en l’occurrence son "Service d’information” ou son "Ministère des Affaires Européennes") pour lancer, en temps utile, une grande campagne d’information pour éclairer les électeurs ...

Jean-Guy Giraud 23 - 01 - 2019

1) selon le système dit de “répartition des restes” : chaque “grande liste" récupère une partie des restes proportionnelle à son score

(2) “ultra-gauche" signifiant à gauche du parti de gauche “traditionnel” - idem pour “ultra-droite”

(4) y compris le PS (4%) qui représente en fait la gauche modérée

(5) lors du précédent scrutin (2014), le taux d’abstention était de 56,5 %


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