Le véritable hold/up et détournement de scrutin que préparent la plupart des partis politiques français sur les élections européennes se confirme.
Sa plus éclatante manifestation apparait dans le choix de têtes de listes n’ayant aucune connaissance, expérience, affinité, intérêt, engagement vis à vis de la fonction qu’ils revendiquent - à savoir le rôle et la responsabilité de co-législateur européen.
C’est notamment le cas pour le RN (crédité de 24% des intentions de vote …), LR, LFI et le PC (voir : https://www.cnews.fr/monde/2019-01-13/elections-europeennes-qui-sont-les-tetes-de-liste-en-france-804394 )
D’autre part, l’intention de plusieurs petits partis ou mouvements plus ou moins marginaux de présenter leurs propres listes se confirme. Comme il est probable qu’aucun de ces partis (pouvant recueillir globalement près de 15% des voix) ne franchisse le seuil de 5% des suffrages, c’est une part importante des voix de l’électorat français qui s’en trouvera ainsi stérilisée.
Finalement, il ne reste que deux partis significatifs susceptibles de jouer véritablement le jeu de ce scrutin :
- les Verts qui ont déjà désigné Yannick Jadot,
- LREM dont le choix tardif permet encore d’espérer voir émerger un candidat véritablement à la mesure de l’enjeu.
Tout ceci risque de tourner … à la farce électorale - au plus grand détriment de l’influence et de l’image de la France en Europe. Sur ce plan comme sur d’autres (internes), le pays de Descartes semble avoir perdu la raison.
Dans la situation actuelle de l’Union - ou plutôt celle de la plupart de ses États - la dérive de l’un de ses principaux membres (inspirateur, fondateur et guide) est particulièrement grave. Elle va laisser l’Allemagne seule susceptible de tenter de maintenir l’union et le cap. On en vient ainsi à espérer que, par miracle, le peuple britannique décide finalement de demeurer au sein de l’UE et qu’il élise des représentants plus coopératifs que par le passé…
Le plus triste, pour la France, est l’incapacité organique du courant modéré pro-européen de faire entendre sa voix dans le débat en cours : la “majorité silencieuse” qui avait soutenu le projet européen du Président Macron s’est à nouveau assoupie et se recroqueville dans ses (petites) chapelles respectives : “when the best lack all conviction while the worst are full of passionate intensity” …
Il faudrait un génial stratège politique pour rétablir la situation - pour inventer un outil (électoral, référendaire ou autre) susceptible de restaurer la confiance de l’électorat vis à vis tant de son propre pays que de l’Europe. Difficile mais peut-être pas impossible. Dans l’état actuel des choses, il y a peu à perdre à tenter un tel coup double.
Jean-Guy Giraud 13 - 01 - 2019