Le Parti du Rassemblement National (RN ex-FN) - crédité par les sondages de plus de 20% des voix aux élections européennes - vient de nommer officiellement sa tête de liste.
Il s’agit de M. Jordan Bardella, actuel porte-parole du Parti. Il est âgé de 23 ans et exerce depuis peu un mandat de conseiller régional (1).
Cette désignation est particulièrement déconcertante. Pour quelle raison le RN a-t-il délibérément désigné comme chef de sa future délégation au sein du Parlement européen une personne de si peu d’expérience politique nationale et totalement dépourvu des compétences nécessaires pour exercer valablement un mandat européen ?
En fait, ce choix démontre que ce parti, comme d’autres (2), considère les élections de Mai 2019 comme un scrutin avant tout national dont le principal objectif sera de régler des comptes internes et non pas de présenter aux électeurs un véritable programme européen et des candidats susceptibles d’influencer les débats du PE.
Ce détournement de scrutin est une forme d’acte anti-démocratique puisqu’il tend à tromper l’électorat sur la nature et les enjeux du vote.
Si les autres candidats de la liste du RN étaient aussi peu qualifiés, cela reviendrait à marginaliser et stériliser - pour une période de cinq années - une bonne partie de la représentation française au PE. Ce qui est déjà le cas - hormis quelques exceptions - pour la délégation du FN/RN en place depuis 2014.
S'il est vrai que l’actuelle situation politico-sociale de la France ne facilite pas la perception et la prise en compte de ses intérêts sur le plan européen (et international), il est tout de même de la responsabilité de ses dirigeants politiques (en place comme dans l’opposition) de ne pas placer le pays dans une position de dé-connexion et d’isolement sans issue (3).
Jean-Guy Giraud 08 - 01 - 2019