“ Les européens n’ont aucun problème à voir les anglais s’en aller “ : considérée hors de son contexte, cette remarque du Président du MEF-France sur France 24 pourrait étonner.
En fait, Yves Bertoncini a sans doute voulu dire que les difficultés liées au règlement final de la question du Brexit ne viennent pas du Conseil européen (cad des États membres) mais des querelles politiques au sein du Gouvernement, du Parlement et des partis politiques britanniques.
Pour le reste, tant les Présidents du Conseil européen et de la Commission que plusieurs chefs d’État/Gouvernement de l’UE (notamment français et allemand) ont toujours considéré le Brexit comme une “tragédie” pour l’Europe - tout en affirmant respecter la volonté souveraine du RU.
Nous avons toujours estimé ici (voir ici) que le retrait du RU serait/sera fortement préjudiciable non seulement au RU mais aussi à l’UE("a lose/lose deal”).
Préjudiciable au dernier bloc libéral (“l’ordre européen”) que représente l’Europe dans un monde de plus en plus illibéral et menaçant pour les démocraties.
Préjudiciable à l’équilibre interne d’une UE dans laquelle une majorité de gouvernements au pouvoir se détournent progressivement des “valeurs” qui sous-tendent le projet européen.
Préjudiciable au rôle économique, commercial, financier que doit continuer à jouer l’UE dans la compétition mondiale - ne serait-ce que pour préserver sa souveraineté face aux grandes puissances internationales (étatiques et privées).
Préjudiciable à la puissance diplomatique et militaire de l’Europe dans un contexte mondial menaçant.
Etc ...
Au delà du choc politique et économique que représenterait/représentera “la perte” d’un des trois principaux États membres de l’UE - c’est surtout la défection d’une grande et ancienne démocratie et société qui serait/sera à déplorer.
Conjugué, à quelques semaines d’intervalle, avec la catastrophe annoncée des élections européennes de 2019 - le Brexit laissera/laisserait l’UE dans une situation particulièrement “compliquée”.
En fait dans un état de choc dont elle aurait/aura beaucoup de mal à se relever.
Dans un tel contexte, le seul espoir réside dans un dernier sursaut du peuple britannique lui-même qui - consulté par un nouveau referendum - pourrait revenir sur sa décision irréfléchie de retrait.
En résumé, “les européens ont un grave problème à voir les anglais s’en aller” .
Jean-Guy Giraud 28 - 12 - 2018