Cinq mois à peine nous séparent des élections européennes de Mai 2019.
On sait que celles-ci s’annoncent, en France, comme particulièrement périlleuses tant en termes de participation que de vote eurosceptique/europhobe.
En fait, il faut s’attendre - sur ces deux tableaux - au pire résultat depuis 1979.
Avec, pour conséquence, une représentation française affaiblie pour toute la durée de la mandature 2019/2024. Et surtout un positionnement du pays vis à vis de l’Europe aussi dégradé qu’après le referendum de 2005.
Pour illustration de cette situation, on peut mentionner deux points particuliers :
1. Les “consultations citoyennes”
Mal conçu dans son format, sa dimension et son objectif, cet exercice est passé largement inaperçu de l’opinion.
Son résultat ne contribuera en rien à atténuer les dangers sus-mentionnés.
Le seul élément clairement mis en évidence a été … une profonde méconnaissance persistante (voire aggravée) des objectifs, des réalisations et des mécanismes européens (1).
Comme il apparait que cet exercice constituera la seule initiative gouvernementale de préparation des élections, il faut effectivement s’attendre à de piètres résultats.
2. Les listes électorales
Comme lors des élections précédentes, ces listes sont concoctées par les partis dans une grande confusion et opacité.
Du fait des règles en vigueur, on peut d’ailleurs prévoir une multitude de “petites listes” de nature à désorienter les électeurs.
Les critères du choix des candidats risquent - comme ce fut trop souvent le cas - d’être très éloignés des fonctions qu’ils devront assumer. (2)
Le cas particulier de la seule liste pro-européenne - LREM - mérite d’être souligné :
aucune tête de liste n’ a encore été désignée. Les quelques noms qui circulent ne semblent pas à la hauteur de l’enjeu.
les responsables désignés pour piloter cet exercice (depuis l’ Elysée) ne paraissent pas particulièrement qualifiées (3). Certaines personnalités posent même problème (4).
Au total, une catastrophe annoncée qui risque, au surplus, d’être amplifiée par les conséquences de la grave crise sociale et politique affectant actuellement le pays.
Au lendemain de l’élection d'un Président ouvertement pro-européen, on était en droit de s’attendre à une toute autre perspective.
Mais les lourdeurs administratives ont repris le dessus et une certaine forme de “centralisme démocratique” au sommet de l’État a bridé les meilleures intentions.
“When the best lack all conviction while the worst are full of passionate intensity”, la partie semble perdue d’avance.
Le seul vague espoir que l’on puisse encore conserver serait que, d’ici Mai 2019, la tournure des “évènements” fasse apparaitre le scrutin européen comme une des portes de sortie par le haut du malaise français. Mais qui le dira et qui se battra pour éviter le saut dans le vide?
Jean-Guy Giraud 06 - 12 - 2018
NB Citons tout de même deux belles initiatives de communication européenne: https://www.lesamisdutraitedelisbonne.com/post-unique/2018/11/14/CE-QUE-L’EUROPE-FAIT-POUR-MOI et https://www.touteleurope.eu
(1) https://www.touteleurope.eu/actualite/quelles-suites-pour-les-consultations-citoyennes.html
"Mais derrière ces belles idées (…), un maillon faible a également été mis en évidence à chacune des rencontres: "une méconnaissance profonde de l'Histoire de l'Europe, de sa construction et des institutions", observe Marie-France Mailhos, la présidente de l'Association européenne de l'éducation. "On n'a pas fait notre boulot, on n'a pas éduqué, on n'a pas appris à nos jeunes, on ne leur a pas fait percevoir les valeurs européennes et les responsabilités d'un citoyen européen…", souffle-t-elle. Dès lors, si rien ne change à l'issue de ces Consultations citoyennes, l'indifférence et l'euroscepticisme ne risquent-elles pas, une fois encore, marquer les prochaines élections européennes du 26 mai ?"
(3) voir les CV des (jeunes) conseillers : Garance Pineau - Pieyre Alexandre Anglade - Clément Beaune - Astrid Panosyan
voir aussi : http://www.leparisien.fr/politique/l-equipe-europeenne-d-emmanuel-macron-22-02-2018-7574505.php
(4) voir le cas de Jean Marc Borello : https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/05/borello-l-homme-qui-fait-du-social-un-business_5392746_3234.html