Alors que se rapproche dangereusement la date limite pour un accord possible sur le Brexit, la négociation UE/UK demeure toujours bloquée par la question de la frontière irlandaise.
Ce blocage fait objectivement le jeu des partisans conservateurs du No Deal - qui souhaitent une “libération" immédiate, totale et définitive du RU vis à vis de l’UE, de ses Institutions et de ses règles.
Alors même que les principaux ingrédients d’un accord tant sur les "modalités de retrait" que sur le "cadre (très général) des relations futures” semble à portée de main, l’affaire irlandaise pourrait compromettre définitivement toute possibilité de mise au point dans l’ordre et dans le calme d’un accord raisonnable et durable d’association du RU à l’Union qui pourrait entrer en vigueur en 2020/2022.
Lorsque l’on sait à quel point la question de l’"Irish border” est politiquement inflammable, on s’étonne qu'elle soit affrontée de façon aussi brutale et binaire par les négociateurs - et considérée par l’UE comme un préalable absolu à tout accord de retrait (voir note).
Si le pire devait advenir - cad le No Deal - les citoyens européens et britanniques (déjà incapables de comprendre la nature de cette affaire irlando-irlandaise) seraient fondés à s’interroger sur la sagesse et le sens des responsabilités des négociateurs des deux bords.
Il est toutefois possible (probable ?) qu’un accord de dernière minute soit trouvé - par exemple sous la forme d’une solution provisoire à ré-examiner ultérieurement dans le cadre du futur traité d’association UE/RU. Les enjeux économiques (et politiques pour le RU) sont tels que la diplomatie devra trouver une porte de sortie - ne serait-ce que sous la forme d’un "fudge agreement” renvoyant à plus tard les modalités techniques applicables à l’Irish border.
Mais à quelque chose malheur est bon : le piétinement des négociations a notamment pour effet d’entretenir les espoirs des adversaires britanniques du Brexit qui poursuivent et amplifient leur remarquable campagne d’opinion - comme en témoignera sans doute samedi 20 Octobre la grande manifestation organisée à Londres dans le cadre de la “People's vote campaign” (https://www.facebook.com/PeoplesVoteUK).
Jean-Guy Giraud 16 - 10 2018