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“STOP BREXIT”



Des négociations laborieuses et inconclusives

Les négociations officielles UE/UK - qui se poursuivent péniblement et quasi secrètement entre experts des deux bords à Bruxelles et à Londres - seraient sur le point d’aboutir au résultat suivant :

  • une solution “technique” au problème (curieusement devenu stratégique) de la frontière irlandaise serait sur le point d’aboutir,

  • cette solution débloquerait la négociation relative à “l’accord sur les relations futures” qui devra être signé avant le 29 Mai 2019,

  • mais cet accord aurait un caractère “politique” et général, dessinant seulement les grands traits d’un futur accord d’association en bonne et due forme - et repoussant ainsi le règlement de l’ensemble des problèmes,

  • cet accord d’association devrait être négocié pendant une période transitoire de 18 mois entre le 30 Mai 2019 (date de la sortie de l’UE du RU) et le 1er Janvier 2020,

  • le succès de la négociation finale étant loin d’être garanti, celle ci pourrait encore se poursuivre au delà de 2020.

On conçoit qu’une certaine inquiétude se fasse jour à Bruxelles (et dans les capitales) sur la possibilité de franchir ces étapes successives dans les délais prescrits - et d’obtenir in fine le consensus des 27 gouvernements ainsi que l’accord du PE.

Situation confuse au RU

Surtout, la situation politique interne du RU s’avère chaque jour plus confuse, au fur et à mesure que se révèlent les conséquences éventuelles du Brexit :

  • les divisions internes croissantes au sein du parti conservateur fragilisent le Gouvernement de Mme May,

  • le Labour sort progressivement de sa position attentiste et s’oriente vers une mise en cause du Brexit lui-même (1),

  • les sondages montrent une hausse continue des opposants au Brexit (à présent majoritaires),

  • la société civile a monté un très dense réseau (hyper-actif, très organisé et disposant de moyens financiers adaptés) qui milite quotidiennement contre le Brexit.

Probabilité d’un nouveau “popular vote"

Dès lors, la question d’une nouvelle consultation populaire (“popular vote”) - soit sur l’éventuel futur accord soit sur le principe même du Brexit - est à présent ouvertement posée au RU.

Cette consultation pourrait prendre la forme de nouvelles élections et/ou d’un nouveau referendum (2).

Les adversaires du Brexit semblent encore hésiter sur la stratégie à adopter - mais un choix devra être fait si/lorsque le projet d"accord sur les relations futures” sera présenté par les négociateurs, cad avant la fin de l’année en cours.

Le risque d’”un passage en force”

Cette situation cahotique est certes troublante et dérangeante - y compris pour les négociateurs de l’UE.

La tentation est sans doute forte de tenter - entrainé par l’engrenage de la procédure - “un passage en force” avant le 29 Mai 2019 (même par voie d’un “accord bidon” - “fudge agreement”) dans la seule fin d'éviter un écroulement ou une remise à plat quasi-désespérants de l’ensemble d’un processus qui mobilise depuis quasiment un an des équipes entières…

Ce serait toutefois une grave erreur pour deux raisons au moins :

  • le trouble profond qui affecte le peuple britannique (notamment sa partie la plus jeune, la plus active et la plus éduquée) ne peut être ignoré,

  • l’ampleur (pour toute une génération au moins) des conséquences politiques et économiques du Brexit - aux niveaux britannique, européen et même mondial - ne doit pas être masquée par les aspects techniques de la négociation.

Dès lors, la priorité ne saurait être donnée à l’obtention à tout prix d’un accord dans les délais officiels.

La porte devrait être laissée ouverte aussi longtemps que possible - d’un côté comme de l’autre - à une remise en cause ("second thought”) du fond même de cette malheureuse affaire, engagée de façon irresponsable et irréfléchie.

C’est du moins la thèse (dite de la “revolving door”) soutenue par un nombre croissant de personnalités européennes (3) - voir cette note.

Jean-Guy Giraud 18 - 09 - 2018

(1) cf. les récentes prises de position des syndicats, du maire travailliste de Londres, du leader de groupe du Labour au sein du PE (Richard Corbett) , …

(2) "Nothing could be more logical than for Parliament now to stipulate, on a cross-party basis, that a new referendum should be held to consult the electorate further before Brexit becomes irreversible. This referendum would admirably combine the twin principles of Parliamentary sovereignty and popular sovereignty." http://fedtrust.co.uk/brexit-a-meaningful-vote-for-mps-implies-a-meaningful-vote-for-the-people/

(3) notamment MM. Juncker, Tusk, Macron, Verhofstadt,Blair, ...


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