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LA GALÈRE DE "LA FRONTIÈRE" IRLANDAISE



On sait que l’UE a posé trois conditions préliminaires à l’adoption d’un accord de retrait avec le RU (1)

Parmi celles-ci figure la question de “la" Frontière (“The Border”) entre l’Irlande du Nord (IN) et la République d’Irlande - en pratique le problème de la libre circulation entre les deux territoires.

Un préalable encombrant

On peut s’interroger sur les raisons qui ont poussé l’UE à considérer cette question comme une sorte de préalable à tout accord - alors même que ce problème est marginal sur le plan économique et particulièrement épineux sur le plan de la politique intérieure britannique et des relations entre le RU et la République d’Irlande.

La réponse réside peut-être dans la dimension “humaine” d’une affaire qui a donné lieu à une véritable guerre civile anglo-irlandaise et fait l’objet d’un accord provisoire et fragile (“Good Friday Agreement” 1998) sans pour autant mettre fin à de tenaces et vives tensions au sein de l’IN.

L’UE a considéré que le Brexit ne devait en aucun cas être la cause ou le prétexte d’une nouvelle crise intestine grave dans ce territoire, crise dont la responsabilité pourrait lui être attribuée (en même temps qu’elle ne pouvait accepter que “La Frontière” ouvre une brêche dans le marché intérieur européen).

Une situation bloquée

Mais, ce faisant, l’UE compliquait sérieusement l’ensemble de la négociation avec le RU - car la situation politique en IN s’avère plus confuse que jamais.

Le système politique y demeure bloqué par l’opposition quasi-séculaire entre unionistes-protestants (DUP) et républicains-catholiques (SinnFéin) qui paralyse le fonctionnement du Stormont - si bien que le territoire est largement géré par Londres depuis près de … 18 mois.

Et, pour compliquer la situation, il se trouve que le Gouvernement de Mme May ne dispose d’une mince majorité à Westminster que grâce à l’appui des élus du DUP au parti conservateur.

(Pour la “petite histoire”, relevons au passage que les deux principaux litiges - actuels - entre DUP et SinnFéin concernent la question du mariage homosexuel et l’officialisation de la langue gaélique. On est loin des enjeux globaux du Brexit …)

Une galère ou une rampe de lancement ?

Fallait-il donc s’engager dans cette galère ? Pourquoi en faire une sorte de ligne rouge préalable ? N’aurait-on pas pu joindre cette question en annexe de la négociation globale sur l’accès britannique au marché intérieur européen comme ce sera sans doute le cas pour Gibraltar ou les Iles vierges britanniques ?

Ayant ainsi mis au premier plan une question aussi délicate et marginale (au sens exact du terme), l’UE a pris le risque de compliquer inutilement (jusqu’à la rendre incompréhensible pour l’opinion) une négociation déjà difficile. Mais elle a aussi, paradoxalement, pris celui qu’elle voulait précisément éviter : raviver un conflit jusqu’ici relativement apaisé.

Il demeure toutefois que si une solution miracle au problème irlandais pouvait être finalement trouvée, le soulagement serait tel que les négociations sur "le reste” des problèmes liés au Brexit pourrait s’en trouver facilitées !

Pour le pire comme pour le meilleur.

Jean-Guy Giraud 29 - 08 - 2018

(1) il s’agit du statut des résidents, du règlement des comptes et de la frontière irlandaise.


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