Une “Convention démocratique sur l’Europe” va s’ouvrir en France au printemps 2018.
On sait par expérience que ce genre d’exercice est aussi une occasion - légitime - d’expression publique de mécontentements et désarrois sociétaux de caractère général.
Une Convention orageuse ?
Il est en particulier probable que s’y manifeste un sentiment de frustration voire de colère contre un phénomène qui prend une ampleur inquiétante dans notre société (comme partout en Europe et dans le monde) : celui d’un accroissement constant - virant à l’absurde - des disparités de revenus et de richesse.
Ce sentiment est aggravé par l’impression que l’accumulation croissante de fortune par une infime proportion de la population dérive plus de dysfonctionnements du système économique que du mérite objectif des “accumulateurs” (la version socio-économique du concept juridique d’”enrichissement sans cause”).
Bruxelles complice et/ou indifférente ?
Or l’Europe de Bruxelles est souvent soupçonnée - voire accusée - de complicité ou au minimum d’indifférence face à ce phénomène.
En (très) résumé, il lui est principalement reproché :
de contribuer, par l’ouverture des marchés, à la contamination de l’économie par des pratiques “libérales” facteurs d’aggravation des disparités sociales,
de limiter voire d’affaiblir, par certaines de ses politiques (budgétaire, monétaire, concurrence, …), les efforts publics nationaux de répartition/redistribution des richesses,
plus généralement, de ne pas avoir de vision, d’objectif ni d’outil pour promouvoir l’égalité sociale : la neutralité politico-idéologique de Bruxelles est incomprise voire suspecte.
La défense du projet européen
Il faut donc se préparer à un débat sur ces sujets au sein de la Convention et rassembler, face à ces reproches, quelques arguments légitimes en défense du projet européen.
Là aussi en (très) résumé, on peut notamment faire valoir que :
le budget européen est - de facto - principalement orienté vers la redistribution des richesses entre les États et entre les secteurs économiques (fonds structurels, aide au développement, recherche et innovation, …),
l’amélioration du sort du consommateur est - in fine - le principal objectif de certaines “grandes” politiques communes comme la concurrence, le marché unique, la politique commerciale, la politique environnementale, …
la protection des intérêts individuels (épargnants, voyageurs, internautes, contribuables, étudiants, minorités, …) est de plus en plus développée par l’UE,
plus généralement, l’UE peut être - sous bien des aspects - considérée comme un système avancé de défense des citoyens européens contre un phénomène mondial de dérèglement économique et financier dont l’accumulation et la concentration des richesses est une des conséquences.
“Bruxelles au service des patrons” est un mauvais et injuste procès. La mollesse de sa défense est trop souvent assimilée à un aveu. La Convention donnera aux “honnêtes européens” de la majorité silencieuse l’occasion de rétablir sereinement certains faits et vérités. À condition de s’y préparer …
Jean-Guy Giraud 11 - 12 - 2017