Sondage après sondage, les intentions de vote des français pour les élections au Parlement européen du 9 Juin 2024 évoluent dans une même direction : l’affaiblissement des listes "pro-européennes".
Un sondage récent effectué pour le compte de Public Sénat (1) fait apparaitre les résultats suivants :
On voit clairement, à ce stade, que les listes plutôt "eurosceptiques" (à gauche du tableau) font presque jeu égal avec les listes "pro-européennes".
Si ces intentions étaient confirmées dans les urnes, la délégation française au Parlement européen se trouverait non seulement très éclatée (ce qui n’est pas nouveau) - mais surtout très affaiblie au sein des quatre groupes politiques pro-européens traditionnels : les conservateurs du PPE, les libéraux de Renew, les socialistes du PSE et les écologistes des Verts. Groupes qui céderont sans doute aussi des voix au profit des partis eurosceptiques dans plusieurs autres États membres.
Cette inflexion des intentions de vote en France est principalement liée à la situation économique et politique intérieure. Les Eurobaromètres montrent en effet que les français conservent une image plutôt favorable de l’UE, notamment dans le contexte de la protection climatique et environnementale ou de la résistance contre l’agression russe.
Un redressement pro-européen des intentions de vote dépend donc principalement de l’évolution du climat domestique.
À plusieurs reprises, on a attiré ici l’attention sur un malaise social persistant - provoqué certes par des difficultés économiques objectives - mais surtout exacerbé par le sentiment largement répandu d’une insensibilité voire d’un déni du pouvoir vis à vis de ces problèmes. Situation aggravée par ce qui est aussi perçu comme une situation de profonde et croissante inégalité des revenus, du patrimoine, de l’exposition fiscale, etc …(2)
Les dirigeants en place sont-ils désireux et capables d’inverser cette tendance d’ici Juin 2024 ? En fait, cela dépend surtout de l’appréciation de la situation par le Président lui-même. S’il jugeait cette inversion prioritaire, il lui serait possible d’apaiser le climat social en prenant publiquement la mesure du problème et en annonçant son intention d’infléchir l’action de l’État en faveur des classes défavorisées d’ici la fin de son mandat. Il est difficile de penser qu’il ne prenne aucune initiative sur ce sujet.
Bien que moins décisif, un autre facteur est susceptible d’influencer les votes : la personnalité des têtes des différentes listes.
Pour l’instant, les personnes concernées sont relativement peu « attractives », les seules relatives exceptions étant les têtes de liste du RN (J Bardella) et, dans une moindre mesure, du PS (R Glucksman) et de Reconquête (M Maréchal). (3)
La grande inconnue demeure la tête de liste de Renaissance : une forte personnalité connue, engagée, crédible, emphatique et médiatique pourrait rehausser sensiblement les intentions de vote en insistant notamment sur la protection et les avantages qu’offre l’Union. Ce seul choix pourrait faire une sensible différence pour l’issue globale du scrutin.
Jean-Guy Giraud. 19 - 12 - 2023
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